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LIVRES : Un Wolfe a envahi Miami

Tom Wolfe : Back to Blood
Tom Wolfe : Back to Blood

La sortie du premier numéro du Courrier de Floride étant contemporaine (la même année en tout cas) que l’édition du dernier Tom Wolfe sur Miami, il nous a paru incontournable d’en livrer une critique à nos lecteurs, même avec quelques mois de retard sur sa parution (Back to Blood est sorti en mars en version française).

L’oeuvre est magistrale et a fait l’unanimité (Seul le Newyorker l’a dénoncé comme une « paranoia conservatrice« , mais de manière assez laborieuse.) Aussi bien les journaux US que les critiques françaises sont unanimes ; jusqu’au Miami Herald qui s’est pourtant pris quelques tirs dans ce livre du vieil écrivain vêtu de blanc !

Pour ceux qui n’en ont pas l’habitude, Tom Wolfe – qui était journaliste – a commencé à l’âge de 53 ans (il en a aujourd’hui 83) a décrire des pans de l’Amérique à travers d’épais romans. Il publie après s’être longuement immergé dans les villes qu’il décrit de sa plume acide. Wolfe vient ainsi de passer 5 années à Miami pour produire ce « roman de reportage ».  Il met à chaque fois en scène des personnes représentatives des différentes communautés et les faits s’entrechoquer jusqu’à explosion, tel des atomes dans une bombe nucléaire. L’écrivain prend son temps, et n’a livré en 30 ans que 4 oeuvres : Le bûcher des vanités (à New-York) ; Un homme Un vrai (à Atlanta) ; un autre livre sur la jeunesse américaine à l’Université et enfin, cette année Back to Blood (à Miami, donc).

Ce titre, Back to Blood, évoque surtout un « renvoi aux origines » – aux origines communautaires (le lien du sang) des tribus miamiennes – car ce que Wolfe campe clairement dans son livre, c’est « l’enfer du communautarisme« . Ses personnages sont moins surprenants (surtout pour nous les Floridiens) que ceux qu’il a inventé dans de précédents livres, mais, néanmoins, ses policiers cubains bodybuildés, sa bomba latina, son milliardaire russe addict au porno, ou son prof haïtien qui est honteux quand son fils parle créole, Wolfe les fait danser dans un ballet éblouissant et survolté qui n’a laissé aucun lecteur insensible.

Le point commun entre ses personnages, c’est un manque total de repères, la violence comportementale qui l’accompagne, et une soif d’ascension sociale qui, d’après l’écrivain, serait l’élément fondamental qui empêcherait toute la ville d’exploser. Le fric et la pornographie qui pourrissent tout, l’arrivisme, la frime, le racisme et autres comportements nauséabonds : Wolfe dépeint ici l’envers de la société du loisir ; une sorte de Miami Vice intelligent qui ne serait pas passé par les filtres du politiquement correct ; « une Amérique sauvage qui ne sait plus intégrer ses nouveaux arrivants » (l’Express). Ou, comme le commentait le Miami Herald : « Tentaculaire, malpropre, affolant, grisant, épuisant, trop caféiné et hyper-rythmé, vertigineux : Back to Blood de Tom Wolfe est aussi excessif que la ville qu’il célèbre et éventre. » Une photographie du monde un millionième de seconde… avant son explosion !

Mais il y a encore plus déjanté que le livre : il y a le making of du livre !!! En effet, une caméra a suivi le dandy wasp « de 103 ans » (il se présente vieilli de 20 ans pour impressionner ses interlocuteurs) toujours habillé en blanc, dans ses pérégrinations miamiennes… et ça vaut aussi le coup d’être vu !

Un temps taxé d’écrivain « pop », Tom Wolfe est véritablement lisible et abordable par tous.

Tom Wolfe : Bloody Miami – Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Odile Demange. Robert Laffont «Pavillons», 610 pp., 24,50 € dans les librairies françaises (cliquez ici pour la version iTunes).

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