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Editorial : Vers la fin de l’ère Obama ?

S'il est certains que Barack Obama quittera le pouvoir dans deux ans, il n'est pas incertain que son successeur lui ressemble beaucoup...
S’il est certains que Barack Obama quittera le pouvoir dans deux ans, il n’est pas incertain que son successeur lui ressemble beaucoup…

Il l’a claironné durant la plupart de ses interventions : l’économie américaine se porte mieux aujourd’hui qu’avant son arrivée au pouvoir. C’est vrai. Pourtant, Barack Obama a été sèchement désavoué par les élections de mid-term du 4 novembre 2014 qui lui ont fait perdre sa majorité au Congrès. Sa fin de mandat sera difficile. Est-ce pour autant la « fin de l’ère Obama » ?

Pas si certain. Pour sa personne en tout cas c’est réglé : dans deux ans Barack Obama ne sera plus président. Mais les Démocrates sont ils condamnés à l’échec ? Le renforcement des prérogatives de l’Etat (initié avec l’Obamacare), va-t-il s’arrêter, ou au contraire s’amplifier avec son successeur ?

Deux raisons pourraient porter les Démocrates de nouveau au pouvoir dans deux ans : l’une économique, et l’autre démographique.

Au niveau économique, les premières années du mandat Obama ont été marquées par la « crise », et les Républicains réclamaient alors un « retour à la normale » : une économie libérée et libérale. Obama a réussi le tour de force de faire redécoller l’économie, tout en instaurant dans le même temps son fameux système d’assurance-santé. Face à ce clair succès, les Républicains ont été moins critiques durant cette élection de 2014, certains (rares, certes) défendant même le système de santé. C’est plutôt la personne du président Obama qui a fait les frais des critiques, son inaction dans certains domaines, et puis l’usure du pouvoir qui fait souvent perdre « les élections de la 6ème année » (bien d’autres présidents ont dû subir cette cohabitation). Mais cela n’invalide pas pour autant les espoirs de succès Démocrates à la Présidentielle. Car si l’économie américaine est florissante, elle ne bénéficie pas à tout le monde, les richesses se concentrant de plus dans les poches d’une minorité. Et si l’Amérique n’a pas peur des riches, néanmoins ses valeurs égalitaires commencent à lui faire se poser de sérieuses questions sur la « confiscation » de la manne américaine. En 1989, les 5 % d’américains les plus riches possédaient 54 % de la richesse nationale. En 2010 c’était 61 %. Et en 2013 : 63 %. En 1989, les 50 % les moins riches de la population contrôlaient 3 % de la richesse ; et en 2013, à peine 1 %. La démonstration publiée en début d’année dans le livre du Français Thomas Piketty a fait son petit effet, classant même au rang de Best Seller cette étude sur « Le capital au XXIe siècle ». Les anciennes élites sont devenues inactives, mais ont cherché à se mettre à l’abri des crises, trouvant un grand nombre de solutions pour concentrer encore plus de richesses. Et si le chômage a effectivement baissé aux Etats-Unis, les salaires ne sont pas repartis à la hausse : tout le monde ne trouve pas son compte dans cette reprise. En matière d’éducation, les USA aussi pourraient avoir besoin d’un recours à l’Etat. Ils sont passés du 1er rang mondial avant-guerre au 12ème rang aujourd’hui, formant toujours de magnifiques élites, mais beaucoup moins le reste de la population.

LA DEMOGRAPHIE JOUE POUR LES DEMOCRATES

Traditionnellement, les Américains croient toujours que les choses s’arrangeront d’elles mêmes grâce au progrès collectif… Mais les mentalités ont toutefois changé en 10 ans. Les minorités (dont la très forte immigration latino) exigent plus d’interventions et d’aides de l’Etat, répondant positivement aux propositions Démocrates en ce sens. Or les minorités sont en passe de devenir la majorité sur le sol américain. Les conservateurs accusent Obama de diviser les Etats-Unis sur ce sujet, tentant de confisquer pour eux seuls le vote des minorités (comme en France), afin d’être réélus. Les conservateurs ne sont néanmoins pas persuadés qu’Obama y réussisse, rappelant la force d’intégration du pays qui a déjà vu passer bien des vagues d’immigration. Néanmoins, la disparition du « pouvoir WASP » doit être acté (voir cette article du Wall Street Journal). Les élites blanches protestantes ont perdu tous les pouvoirs aux Etats-Unis : politique, économique et de plus en plus au niveau culturel. La Cour Suprême, pour ne citer qu’elle, ne compte plus un seul Protestant, alors que 100% de ses membres l’étaient il y a 40 ans.

Peut-être n’y aura-t-il pas une fracturation entre l’Amérique Wasp et les minorités, mais en tout cas une mutation profonde est en cours, et elle a des répercussions politiques : elle jouera fortement lors des prochaines élections présidentielles. Un candidat républicain comme Jeb Bush l’a bien compris, mettant en avant sa femme d’origine mexicaine, ou ses libéralités vis à vis de l’immigration en général, ne souhaitant pas ressembler à un candidat « 100% Wasp ». Car si c’était encore gagnable de cette manière-là du temps de son frère ou de son père, les aventures de John McCain ou de Mitt Romney tendraient à prouver qu’il n’est plus possible pour un Républicain de gagner une élection présidentielle avec un programme électoral reaganien, et peut-être les « gadgets » de Jeb Bush ne suffiront pas à le porter au pouvoir. Les jeux ne sont donc pas faits pour la prochaine élection, et Obama pourrait bien avoir un successeur Obamien. A voir !

ARTICLE : RICK SCOTT REELU DE JUSTESSE GOUVERNEUR DE FLORIDE

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