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Donald Trump et les femmes (Le point sur les élections américaines)

Plus beaucoup de suspense pour les Primaires, mais les débats continuent. Pourquoi un tel titre sur Donald et les femmes ? Pour faire comme tout le monde ! Les médias nationaux et locaux des Etats-Unis ont pour un grand nombre publié ces dernières semaines des articles sur ce thème, à commencer par les journaux engagés en faveur d’Hillary Clinton, mais aussi certains Républicains qui ne digèrent pas la captation du G.O.P par le milliardaire new-yorkais. Le but de cette « information » ? S’assurer que M. Trump est minoritaire dans l’électorat féminin, et s’assurer ainsi à peu de frais qu’il perdra l’élection présidentielle. Mais ce ne sera peut-être pas suffisant : il ne s’agit que d’un jugement moral, Donald Trump s’adressant en fait aux femmes qu’il n’apprécie pas de la même manière virile qu’aux hommes (à qui il s’en prend évidemment aussi). Les polémiques liées à la candidature Trump pourraient un jour commencer à fatiguer tout le monde, mais sur le cas précis de ses rapports avec les femmes, il semble que ce soit surtout très contre-productif : un grand nombre d’électeurs de Trump souhaitant justement que les politiciens rompent avec le « politiquement correct », qui les conduit par exemple, accompagnés par un grand nombre de médias et « d’intellectuels », à se livrer actuellement à des débats sans fin sur l’autorisation ou non des toilettes publiques pour femmes par les transsexuels. On comprend dès lors que ce ne soit pas la préoccupation première de certaines catégories d’américains qui ont l’impression que M. Trump parle un peu plus « comme eux ».

Photo : Les joutes agressives entre Donald Trump et la présentatrice star de Fox News, Megyn Kelly, resteront tout de même l’un des épisodes les plus marquants des primaires (Crédit photo : Facebook de Donald J. Trump)

HISTOIRES D’ARGENT

Passons donc au reste de l’info. Les remises en question du système économique de libre-échange par Donald Trump inquiètent à Wall Street. Les grands financiers de New-York avaient donné en 2012 trois fois plus d’argent pour la campagne de Romney que pour celle d’Obama. Et bien, pour la première fois depuis longtemps, la campagne d’une Démocrate (Hillary Clinton) amasse plus de dons en provenance des compagnies cotées en bourse, que celle du candidat des Républicains. Etre la favorite de Wall Street n’est pas forcément un signe positif pour Mme Clinton (voir la fin de cet article), alors que Donald Trump a pour sa part les moyens de se passer des largesses des lobbyistes.

QUESTIONS D’IMAGE
Tout ne semble en fait qu’être une question d’image pour les deux candidats à cette Présidentielle. Certes, Donald Trump n’est pas un candidat « reaganien » vu qu’il remet en cause la liberté de marché. Mais, il ne s’agit que de petites phrases, rien d’idéologique et, finalement, les positions de M. Trump en la matière sont très récentes, sa « vie précédente » étant plutôt celle d’un reaganien assez classique et centriste. Un certain nombre de barons du Parti Républicain sont toujours opposés à Trump, mais la levée de bouclier semble moins importante qu’avant, par exemple avec Paul Ryan, et même avec Marco Rubio, qui a récemment assuré qu’il voterait Trump contre Clinton, alors qu’un mois auparavant il grondait sur toutes les chaînes de télévision que M. Trump était un danger public.
Certes, « The Donald » ne cesse de surprendre. Par exemple en mai il a fait l’apologie de la dette d’Etat, alors que depuis toujours les Républicains tiennent des discours hostiles à la dette monumentale accumulée par l’administration fédérale. Le candidat républicain est donc surprenant, et plus grand monde ne sait que croire. De l’art d’enfumer les foules ?

Trump est peut-être moins naturel qu’il en a l’air, mais du côté d’Hillary Clinton aussi le jeu de l’image se porte bien. Pour concurrencer la brillante campagne de son opposant socialiste Bernie Sanders, durant plusieurs mois Mme Clinton a fait pencher son discours à gauche, et elle est apparue à un très grand nombre de reprises hurlant devant les foules, alors que la sonorisation de ses meetings lui aurait tout aussi bien permis de parler calmement. Mais, ça, il semblerait que ce soit la stratégie d’hier. En effet, ses conseillers en images lui auraient assuré que ce que les Américains préférent chez elle, ce n’est pas la candidate, mais la technicienne expérimentée du pouvoir. Du coup, vu qu’Hillary Clinton n’a plus besoin de concurrencer Sanders sur sa gauche, elle a calmé le jeu. Elle est moins virulente, elle se fait filmer dans des petites réunions de terrain à l’écoute de ses concitoyens, leur répondant calmement. Et elle fait d’une pierre deux coups : ne répondant pas aux attaques de Donald Trump, elle se donne ainsi une image beaucoup plus posée, celle d’une Amérique confiante en elle-même et réformiste. En tout cas, si elle n’a pas beaucoup mis son ex-président de mari en avant durant la campagne, elle joue tout de même du bon souvenir que les Américains en ont : elle a déclaré qu’elle confierait à Bill un rôle de conseiller en économie si elle était élue (sans lui donner toutefois de portefeuille ministériel).

DECALAGE ENTRE L’IMAGE ET LA REALITE

Couverture de Time du 23 mai 2016 sur le capitalisme
Couverture de Time du 23 mai 2016 sur le capitalisme

Les Primaires auront montré une colère profonde des électeurs américains. Elle s’est incarnée par un vote anticapitaliste en faveur de Bernie Sanders, qui aurait remporté la primaire Démocrate s’il n’y avait eu que les simples électeurs à y participer (et pas les « grands électeurs » du parti qui ont soutenu Hillary Clinton). Côté Républicain, les sorties de Donald Trump contre la liberté du marché (en faveur des taxes douanières, contre la « concurrence déloyale chinoise » etc…) ont également été encouragés par les électeurs. Et c’est aujourd’hui toute l’Amérique qui se pose des questions sur son système capitaliste. Au point ou Time en a fait sa couverture : « Comment sauver notre économie ? » Le plus célèbre magazine américain n’entre pas dans le jeu des critiques de classe contre les riches (comme Bernie Sanders) ou contre les pauvres (Mexicains ou Chinois), mais pointe du doigt la démesure qu’a pris la finance, et le peu de retombées économiques qui découle « de Wall Street vers Main Street », c’est-à-dire de la finance internationale vers le petit business. Time rappelle que la finance a deux fois plus d’importance qu’elle n’en avait dans les années 1980, mais que la création de nouvelles entreprises et des nouveaux emplois qui l’accompagne se sont effondrés aux Etats-Unis, alors qu’il s’agissait de la première source de création de richesse du pays. « La lente croissance économique montre que le système financier a arrêté de servir l’économie réelle, et que désormais il est principalement à son propre service » (…) La finance est au centre de tout, alors que son but devrait être d’aider les hommes et les entreprises. » Et d’avancer que les marchés financiers sont deux fois trop gros par rapport à ce qu’ils devraient être pour pouvoir entraîner des bénéfices sur le marché national américain, ses entreprises et sa croissance. Ce genre d’analyses économique est très personnel, et sera confirmé ou infirmé dans le débat ces prochaines années. Mais, néanmoins, Time Magasine souligne qu’aucune réforme sérieuse des marchés financiers n’est intervenue après la crise de 2007, et cette différence entre les craintes des Américains et le discours des candidats est tout à fait flagrant. Pourquoi ? La suspicion la plus répandue aux USA, c’est que les candidats ne parlent jamais de ce qui pourrait fâcher Wall Street, grand financier de certaines campagnes électorales. Mais il y a aussi une raison idéologique à ce manque de critiques politiques à l’encontre de Wall Street : le libéralisme économique supposait jusqu’à ce jour que l’Etat n’intervienne pas du tout dans le jeu économique. Les dogmes en prennent pour leur grade. Le dossier de Time se conclut ainsi : « Nous avons écrit les règles. Nous les avons cassées. Et nous pouvons les réparer. »
Time rappelle un sondage récent qui révèle que seulement 19% des jeunes américains (de 18 à 29 ans) se déclarent toujours « capitalistes », et seulement 26% de leurs aînés. La peur des Américains de ne pas profiter de l’embellie économique – alors que le coût de la vie devient très élevé dans certains domaines (santé, éducation…) – a déjà joué durant les Primaires, et va se poursuivre durant la Présidentielle. Le débat est bien plus important que les rapports de Donald Trump avec la gent féminine. Et il pourrait prendre de l’ampleur, notamment lors du débat télévisé attendu pour la première semaine de juin entre MM. Trump et Sanders, qui sera sans nul doute l’un des grands moment de cette Primaire.

LA FLORIDE PEUT FAIRE GAGNER HILLARY

Les sondages donnent Hillary Clinton largement en tête en Floride, notamment grâce au vote des femmes et des minorités. Ce qui devrait poser un problème pour Donald Trump, la Floride étant le 3ème Etat le plus peuplé des Etats-Unis, à majorité Républicaine, même s’il s’agit d’un « swing state » (un Etat où la majorité est souvent changeante). La Floride représente 29 voix, soit plus de 10% du collège électoral dont un candidat a besoin pour gagner l’élection présidentielle, la majorité étant de 271 voix. Si Hillary Clinton gagne les 19 Etats traditionnellement Démocrates, et en plus la Floride, elle aura gagné.

A noter enfin que William Kristol, le maître à penser des néo-conservateurs (courant dominant la droite américaine depuis plus de 15 ans) à fait son choix, ce sera « Ni Trump, ni Clinton » : pour la première fois de sa vie il ne votera pas pour un candidat républicain !

Editorial : Sauver (ou pas) le capitalisme

Gwendal Gauthier, éditeur du Courrier de Floride.
par Gwendal Gauthier, directeur du Courrier de Floride.

En mars 2006, Microsoft annonçait qu’il allait procéder à des investissements majeurs dans les nouvelles technologies. Durant les deux mois suivants, ses actions en bourse furent à la baisse. Au mois de juillet de la même année, la célèbre entreprise de Bill Gates faisait une autre annonce : qu’elle allait procéder à 20 milliards de dollars d’achat d’actions en bourse. Sa propre action a alors immédiatement augmenté de 7%. Ainsi, il y a 10 ans la finance était déjà bien plus considérée que l’investissement. Depuis lors, sa primauté n’a fait que croitre. L’endettement a repris de plus belle après la crise de 2007, tant au niveau national qu’au sein des familles. Constitue-t-il la seule manière de faire croire aux citoyens qu’ils sont toujours potentiellement riches, alors que les vraies plus-values se font seulement à Wall Street ? Et que la dette n’est plus forcément qu’un facteur de croissance, mais aussi d’instabilité pour les individus, les entreprises et l’Etat ? C’est cette idée qui se répand de plus en plus aux USA (voir article ci-contre). Il ne faut pas sombrer dans la caricature d’une hostilité globale à l’économie de marché. Mais il faut le constater : la défiance envers le système économique envahit aujourd’hui le champ politique. Le Canada ne semble pas vraiment touché par ce débat pour le moment, mais tant au sein de l’Union Européenne qu’aux Etats-Unis, le défi au capitalisme est lancé. Même le pape a eu de virulentes sorties contre le système qui a fait la gloire du billet vert : « l’idolâtrie de l’argent et la dictature de l’économie impersonnelle« . En Europe, les scores électoraux impressionnants des partis hostiles à l’Euro, ou encore le référendum « Brexit » du 23 juin prochain (proposant la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne) dénotent autant d’inquiétudes des citoyens vis-à-vis des conséquences économiques de la mondialisation.
Pour un expatrié canadien ou français qui gagne bien sa vie aux Etats-Unis, la défiance actuelle des sociétés occidentales vis-à-vis du capitalisme n’est pas forcément facile à comprendre (notamment aux USA où les indicateurs économiques sont plutôt positifs). Cette colère provient toutefois d’un désarroi réel d’une partie de la société dont il faut tenir compte, qu’il va enfin falloir analyser, comprendre, et faire en sorte que les citoyens s’y retrouvent un peu plus, notamment sur leur compte en banque. A défaut, on a pu voir que les conséquences politiques pointaient leur nez, y compris dans le temple du capitalisme, les Etats-Unis, où la colère gronde.

 

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