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Benoît Duverneuil (USA) : « Avec Macron on assiste à un événement sans précédent »

Résident en Floride, Benoît Duverneuil soutient la candidature d’Emmanuel Macron (En Marche) à l’élection présidentielle française, et il explique son choix.

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LE COURRIER DE FLORIDE : Vous avez auparavant soutenu Francois Bayrou au sein du MoDem; soutenir Emmanuel Macron vous semblait logique ?

BENOIT DUVERNEUIL : Cette élection défie toutes les logiques. Les favoris ont été balayés par les primaires, il faut maintenant se positionner en fonction de l’offre politique que les Français ont bien voulu choisir. Bayrou-Macron, c’est avant tout un mariage de raison dans un paysage de campagne qui n’offre que les extrêmes, les affaires et un manque de vision en alternatives. L’alliance conclue entre Francois Bayrou et Emmanuel Macron a donné un coup d’accélérateur à la candidature de ce dernier. Après trois candidatures infructueuses pour les Centristes, Il y a enfin une opportunité pour fusionner les centres et en finir avec le bipartisme en France. C’est la promesse d’un renouveau de la vie politique autour d’un rassemblement pour lequel j’ai toujours milité. Soit on choisit d’être spectateur de cette tentative et on prend le risque de la voir disparaître pour longtemps, soit on en est acteur et on décide d’y prendre toute sa part.

C’est la garantie de voir enfin des projets comme une loi de moralisation de la vie publique, de voir le jour. Ce projet de loi permettra de lutter contre les conflits d’intérêt. Les grands groupes ne pourront plus se payer des responsables politiques pour orienter la rédaction d’une loi en fonction de leurs intérêts. Les lobbys ont pris le pas sur le politique, les Français le savent et ils réclament de la transparence et des sanctions. Le projet Bayrou-Macron exigera notamment une inéligibilité de 10 ans pour les personnes reconnues coupables de corruption.

Les citoyens ne supportent plus les affaires à répétition. Cette nouvelle loi exigera aussi que les parlementaires justifient leurs frais et qu’ils soient imposés sur la totalité de leurs revenus

L’exigence de Bayrou c’est aussi une politique qui protège ceux qui ont les revenus les plus modestes. Il est donc prévu un effort pour le pouvoir d’achat des Français.

Enfin, nous n’acceptons pas que les deux tiers des citoyens n’aient aucune représentation à l’assemblée. Cela suppose l’introduction d’une dose de proportionnelle dans le système électoral.

LE CDF :  Vous faites donc campagne avec Robert Hue et Alain Madelin….

B.V : Il y a des manifestations de soutien d’un peu partout, c’est vrai. D’autres s’engagent davantage dans la campagne, c’est le cas par exemple de Gérard Collomb pour la Gauche ou encore des anciens ministres de Droite comme Serge Lepeltier, Renaud Dutreil et Jean Arthuis. C’est vrai que l’on observe un phénomène d’hémorragie à Gauche comme à Droite. Cela prouve tout simplement qu’Emmanuel Macron est le seul candidat qui a une vraie capacité à rassembler. Face aux défis auxquels nous sommes confrontés, il faut faire bloc et savoir mettre de côté certaines différences idéologiques et avoir une approche plus pragmatique des choses. C’est intéressant de voir des gens qui ont été opposants choisir de se rassembler sur les éléments qui nous unissent le plus. Je crois que tous ces individus font le constat que depuis des décennies la France n’est pas réformée.

Pour Alain Madelin, la réforme des retraites de Macron est excellente, pour Robert Hue aucun des candidats de Gauche n’apparaît en mesure d’être présent au deuxième tour de l’élection présidentielle pour empêcher le pire.

LE CDF :  Vu les faibles résultats des candidats centristes aux dernières élections, pensez-vous la candidature d’Emmanuel Macron suffisamment solide pour résister aux assauts de ses adversaires durant le dernier mois avant l’élection ?

B.V : Le costume de favori n’est pas toujours facile à porter. Il faut continuer de conforter cette dynamique, c’est pour cela que la campagne du candidat d’En Marche va prendre de la vitesse dans les semaines à venir.

Macron est la cible préférée de candidats aux abois. Marine Le Pen, fausse candidate anti-système qui tire à boulets rouges sur une oligarchie qu’elle incarne de père en fille, Francois Fillon qui est prêt à tout pour sortir de l’impasse judiciaire et Benoit Hamon qui ne parvient pas à faire exister sa campagne. Il est difficile de faire des pronostiques mais les candidats PS et LR perdent du terrain tous les jours. Il reste néanmoins beaucoup d’indécis, il faut aller les chercher et les convaincre un par un pour gagner.

Globalement, on assiste à un événement politique sans précédent. Les deux partis qui dominent la vie politique française depuis presque un demi-siècle sont en train de se décomposer intégralement et ne seront pas au second tour de l’élection.

Ces partis deviennent minoritaires car ils ont échoué les uns après les autres et n’offrent plus aucune perspective d’avenir aux Français.

LE CDF :  L’Union Européenne est-elle en fin de parcours, en fin d’histoire ? D’une part elle est fortement critiquée, mais de l’autre il ne semble pas qu’il y ait beaucoup de projets pour la défendre ou la renforcer….

B.V : Les Français ne souhaitent pas sortir de l’Europe, ils souhaitent la réformer. Le candidat d’En Marche est aussi le seul à pouvoir sauver le couple franco-allemand.

L’Europe à tout de même permis des décennies de paix. Le problème n’est pas là. Le projet européen selon Jacques Delors devait s’appuyer sur une volonté libérale mais aussi encadrer cette nouvelle économie, tout en offrant des garanties de protection et solidarité. A cause des ultralibéraux et notamment les anglo-saxons, on a construit une Europe économique, en oubliant de faire en parallèle une Europe des peuples. Emmanuel Macron propose d’enfin mettre en place une harmonisation fiscale et sociale. A l’ordre du jour, c’est aussi un agenda commun sur l’énergie, le numérique et la lutte contre le dumping commercial. Sur l’immigration, on conserve l’espace Schengen tout en mettant en place une meilleure protection des frontières communes. Concernant la Défense, l’idée est la création d’un fond européen de défense pour financer des programmes communs.

Pour accomplir tout cela il sera difficile de le faire à 27. Macron propose une Europe à deux vitesses lancée par la France et l’Allemagne puis avec l’Italie et l’Espagne. Ce groupe avancera plus vite sur ces projets auxquels participeront ensuite les pays du second cercle. En parallèle, il est question de lancer des conventions démocratiques dans les 27 pays sur le principe des états généraux. Des forums dans lesquels les citoyens européens auront toute leur place et pourront se réapproprier l’Europe en y participant activement. Le mode de décision actuel est à bout de souffle, les européens ont envie d’une démocratie vivante et participative.

Dans un contexte géopolitique où toutes les cartes sont en train d’être rebattues, face aux phénomènes de Brexit, l’isolationnisme de l’Amérique de Trump, la pression de la Turquie d’Erdogan, le poids économique de la Chine et l’ingérence de plus en plus visible de la Russie en Occident, il est vital d’avoir une Europe forte.

LE CDF :  Quels sont les points forts du programme d’Emmanuel Macron en faveur des Français de l’étranger ?

B.V : On ne peut pas reprocher à Emmanuel Macron de ne pas avoir multiplié les initiatives pour conquérir les Français de l’étranger. Lors de son intervention à Londres le mois dernier, il a appelé les expatriés à revenir entreprendre, fabriquer, innover, chercher, et enseigner en France. Il y a beaucoup à faire dans les aménagements nécessaires pour l’aide au retour en France, c’est un message fort pour beaucoup d’entre-nous qui seront tôt ou tard amenés à retourner dans l’hexagone. La loi Macron a d’ailleurs assoupli le régime fiscal des impatriés dont peuvent bénéficier les Français de retour en France plus de 5 ans après leur expatriation.

Très présent sur les réseaux sociaux, le mouvement regroupe déjà près de 15000 adhérents installés au-delà des frontières. Les adhérents se regroupent dans des comités auto-organisés, le mouvement laisse un maximum de liberté. Il existe déjà 3 comités de soutien en Floride et un quatrième devrait voir le jour à Palm Beach d’ici quelques jours. A noter également que deux questionnaires ont aussi été envoyés aux inscrits sur les listes consulaires à propos des difficultés liées à l’expatriation. Plus de 9000 réponses ont été reçues.

Jean-Luc Mélenchon souhaite lui, tout comme Nicolas Sarkozy et Francois Fillon en 2012, forcer les expatriés à une double imposition, dans leur pays d’accueil et en France. Cette double-peine ne s’accompagnerait d’aucun droit supplémentaire. La France rejoindrait les Etats-Unis et les Philippines, seuls pays au monde à imposer de telles obligations fiscales à leurs citoyens.

LE CDF :  Vous travaillez dans les nouvelles technologies, ne jugez-vous pas décevants les programmes de l’ensemble des candidats pour bien intégrer la France et la francophonie dans l’ère numérique ?

B.V : Il est clair que dans le contexte actuel, la Silicon Valley domine le monde numérique de plus en plus, les infrastructures, les applications, les contenus, les systèmes opératifs… Tout cela se fait au détriment de l’économie numérique française et européenne. Et pour les startups il faut souvent s’expatrier pour lever des fonds et continuer l’aventure. Pourquoi n’a-t-on pas de fond d’investissement européen numérique digne de ce nom ? Pourquoi ne pas profiter du contexte Trump pour attirer des chercheurs et des startups américaines en France et en Europe avec des programmes incitatifs?

Concernant la Francophonie, il y a aussi une belle opportunité que nos dirigeants peinent à saisir. Le rapport 2016 sur l’état de la francophonie numérique fait état de possibilités qu’il restent à exploiter. Ainsi, les nouveaux usages dans le domaine de la gestion de l’eau et dans le paiement en ligne couplés à l’explosion démographique en Afrique peuvent faire naître de nouveau géants du numérique. Néanmoins, dans ce rapport on observe que de nombreux pays francophones investissent massivement dans le numérique, tout en renforçant l’émergence d’écosystèmes locaux à l’aide de zones technologiques et d’incubateurs. Enfin, pour la Francophonie, il s’agit également de contribuer à l’émergence d’une nouvelle gouvernance de l’Internet qui favorise le développement et l’expression de la diversité culturelle et linguistique aux bénéfices de tous.

 

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Un commentaire

  1. Merci pour votre article, enfin une alternative crédible qui sort de ce trop long bipartisme droite/gauche à n´en plus finir, se passant la « patate chaude » à chaque alternance sans résoudre concrètement nos problèmes de fond.
    Il est grand temps de se réveiller !

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