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Tailspin : Où comment l’Amérique est partie en vrille

Steven Brill écrit peu souvent, mais quand il s’y met… ça prend des pages. En 2013, il avait trusté la totalité d’un numéro de Time Magazine (c’est la première fois que ça arrivait) pour expliquer comment, avec ou sans Obamacare, le système de santé américain avait été détourné de ses fondamentaux, vers des fins mercantiles maximales. Sur ce sujet, rien n’a changé depuis lors, et il n’est qu’à constater l’inique vague (croissante) de « tourisme médical » pour se rendre compte que, avec ou sans mur, les Américains vont tous finir par aller se faire soigner au Mexique (en tout cas ceux qui ont les moyens de se payer l’aller-retour) !

Cette fois, avec Tailspin (« la vrille »), l’avocat Steven Brill a décidé d’élargir plus encore sa « big picture » : il offre dans cet essai un tableau de « 50 ans de déclin américain ». Si le « déclinisme » n’avait jusqu’à présent pas connu aux USA de théoriciens comparables à ceux, nombreux, qu’on peut par exemple trouver en France depuis 15 ans, le vote-colère de 2016 pour le candidat Trump aura toutefois permis à peu près à tout le monde de comprendre qu’une grande partie de la population en avait ras-le-bol de la situation du pays, et des faibles dividendes dont ce dernier les fait bénéficier, malgré ses richesses naturelles et intellectuelles, sa prédominance monétaire et boursière.

Une classe moyenne qui ne cesse de se rétrécir, un service public de plus en plus inaccessible aux plus modestes, un non-partage des richesses de plus en plus dangereux : Brill ne décrit pas ici « la fin de l’Amérique », mais une tendance qui peut l’emmener vers le pire. Contrairement à l’économiste (et socialiste) français Thomas Piketty, il ne pointe pas seulement du doigt la captation des richesses américaines par une caste « d’octogénaires improductifs ». Il s’en prend aux fondements même de l’Amérique contemporaine : la méritocratie. Pour lui, « l’aristocratie des méritocrates » a remplacé celles des héritiers : Les méritocrates « ont été capables de consolider leurs gains, de déjouer et de coopter un gouvernement qui aurait pu les freiner, et de remonter l’échelle afin de ne pas avoir à partager leur succès ou remettre en question leur primauté. » En synthèse : ceux qui ont gagné leur fortune à la force de leur mérite (les « winners ») ont pensé avoir le privilège de protéger leurs acquis et d’établir des règles pour que le reste de la population n’en profite pas (ou en tout cas beaucoup moins) (1).

Tailspin, livre de Steven BrillIl s’agit bien évidemment ici d’une théorie (l’explication est beaucoup plus longue et détaillée dans le livre), mais il est bien évident que les complexités juridiques américaines, et la pauvreté des services publics, rendent la tâche plus compliquée à certains qu’à d’autres. L’éducation et la santé sont aussi des facteurs de plus en plus discriminatoires : certes il y a des écoles publiques partout… mais quels sont les débouchés pour les élèves passés par ces établissements ? L’égalité des chances n’est plus, depuis bien longtemps, que de façade, et le « vote Trump » ou les succès du socialiste Bernie Sanders auront souligné à quel point le ras le bol était complet pour la moitié des Américains. Quant à l’accès aux soins aux Etats-Unis d’Amérique… est-il encore besoin d’en parler ?! Mais, encore une fois, il faudrait tout un livre (qui justement vient d’être écrit) pour dresser le tableau des lois et règles américaines faisant en sorte que, si l’eau d’un village n’est pas potable, les citoyens ont le droit de porter plainte et de gagner le procès… mais après avoir bu de l’eau pourrie pendant 10 ans de procédure, et payé des millions de dollars en avocats.

Comme il est souvent de mise au Québec et en France de demander « qui sont les auteurs » avant de les lire, il convient de préciser que Steven Brill n’est ni partisan des Démocrates, ni des Républicains. Pour lui ils sont tout autant responsables d’un problème qui oppose réellement d’autres catégories bien réelles de la population : « les protégés contre les non-protégés ». Et, encore une fois, ce n’est pas un partisan de la « lutte des classes » (ni de Trump) qui le dit !

– 1 – Et, finalement, le vote des américains pour l’héritier Trump contre la « méritocrate » Clinton est peut-être un fait révélateur.

Tailspin, de Steven Brill

« The People and Forces Behind America’s Fifty-Year Fall — and Those Fighting to Reverse It »

441 pages. Alfred A. Knopf. 28,95$.

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