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Gaël de Maisonneuve : « Je suis heureux d’avoir servi à Miami »

ConsulIl sera resté 4 ans quasiment jour pour jour au poste de consul général de France à Miami et il s’envole en août pour Brasilia (où il va devenir le n°2 de l’ambassade) : c’est l’heure des adieux… et du bilan pour Gaël de Maisonneuve, un consul qui aura positivement marqué les Français de Floride.

 

LE COURRIER DE FLORIDE : Monsieur le consul, quel est le bilan de votre action après 4 ans passé à la tête de la diplomatie française en Floride (et dans les îles alentours) ?

GAËL DE MAISONNEUVE : Ce sera à mon successeur de juger mon action ! Nous avons en tout cas tenté de pousser plus loin l’organisation de la France en réseau dans cette partie du monde. Ca a été le coeur de mon action quotidienne avec les communautés, les consuls honoraires, les chambres de commerce et les Alliance Française, car nous sommes plus forts collectivement que quand nous restons isolés. A l’heure du départ, je suis heureux de pouvoir me dire que grâce à notre action, des Français ont rencontré d’autres Français ou des Américains. Au niveau des entreprises, quand je suis arrivé, nous pensions sans aucune certitude que nous avions 450 entreprises françaises qui employaient au total 20 000 personnes en Floride. Aujourd’hui, nous en sommes certains. La French American Chamber of Commerce de Miami est désormais la troisième ou la quatrième plus importante des Etats-Unis, comme de la communauté étrangère de Miami. Là aussi, nous avons vu cet « effet réseau » à l’oeuvre. Il y a un grand nombre d’entreprises françaises performantes en Floride intervenant sur des projets majeurs comme le tunnel du port de Miami (Bouygues), les énergies nouvelles (Saft à Jacksonville), la plasturgie (Bic à Tampa) et même l’agriculture (la famille Sallin, qui a créé la deuxième plus grande pépinière de Floride). Ce dynamisme français n’est d’ailleurs pas propre à la Floride, mais également au reste de la zone consulaire : Porto-Rico, où Total est la première entreprise de distribution pétrolière, les Bahamas et les autres îles, où nos compatriotes sont bien implantés, notamment dans le secteur touristique.
LE C.D.F : Avez-vous noté des évolutions particulières dans les arrivées d’expatriés français ?
G.D.M : Oui, et c’est lié à ce que je viens de souligner : proportionnellement il y a plus de jeunes entrepreneurs qu’avant. La moyenne d’âge des expatriés rajeunit un peu et nombreux sont ceux qui viennent créer leur projet en Floride, dont le dynamisme universitaire commence à être reconnu et qui s’avère plus accueillante que le Nord-Est des Etats-Unis.
LE C.D.F : La commémoration du 450e anniversaire de la Floride française est un événement dans lequel vous vous êtes particulièrement investi… 
G.D.M : Oui, et alors que nous arrivons à mi-chemin des trois années de cérémonies, je suis très content des résultats obtenus alors que nous avons tout organisé avec les moyens du bord et financé uniquement avec les bonnes volontés ! Les premières étapes de ces commémorations ont été fantastiques, et tout d’abord grâce à la population américaine pour qui, finalement, cette histoire commune est peut-être devenue encore plus importante que pour nous les Français ! J’ai été particulièrement marqué par l’accueil à Jacksonville le 1er mai 2012 quand les goélettes françaises se sont arrêtées pour inaugurer la première manifestation. Les habitants se sont vraiment pris d’amitié pour ce projet fédérateur. Et les événements vont continuer, avec le film sur la présence française qui sera projeté un peu partout, ou par exemple un colloque à Tallahassee en 2014, et encore la commémoration de Fort Caroline qui constituera un nouveau moment fort à Jacksonville, puisque ce fut là que, le 22 juin 1564, pour la première fois une colonie française s’était installée sur le territoire de ce qui allait devenir les Etats-Unis. En tout cas, pour moi, ça aura constitué de merveilleux souvenirs, et je serai vraiment de tout coeur avec vous lors de ces prochains événements !
LE C.D.F : Durant votre présence en Floride, vous avez également considérablement accentué la remise de légions d’honneur, n’est-ce pas ?
G.D.M : Nous les doublons chaque année aux Etats-Unis, mais ce n’est pas nouveau ; c’est une politique décidée en 2004, au moment du 60ème anniversaire du débarquement de Normandie. Il y a une bonne raison à cela : la plupart des vétérans de la seconde guerre mondiale arrivent en fin de vie et il est important qu’ils soient décorés avant leurs décès. Les autorités floridiennes et les médias ont toujours été de très bons partenaires pour ces événements pour lesquels ils sont à juste titre très sensibles. La remise de médaille n’est qu’une petite histoire, mais c’est à chaque fois un moyen de revenir à la grande histoire, écrite par ces grands hommes. En face d’eux, il y a toujours des faits d’armes à apprendre et des récits qui nous touchent tous. A titre personnel j’aurai du mal à oublier cet homme de la communauté juive que j’ai décoré l’an dernier. Il était venu en France pour libérer l’Europe et il s’est un jour retrouvé à libérer les camps de concentration. Il était arrivé à notre cérémonie avec des photos de Treblinka et je peux vous assurer que ce genre d’émotions-là, c’est quelque chose qu’on n’oublie pas.
Il y a aussi les cérémonies où sont présents, en même temps, les vétérans et les enfants qui nous tiennent aussi beaucoup à coeur, afin que les témoignages passent entre les générations. Tout cela forge depuis juin 1944 un lien formidable entre la France et ceux qui ont contribué à sa libération. La France y est très attachée, et les commémorations du 70e anniversaire du débarquement, l’an prochain, seront une nouvelle marque de cette amitié importante entre nos deux pays. Peu de gens savent d’ailleurs que dès 1917 des soldats floridiens étaient venus lutter à nos côtés !
LE C.D.F : Et en bilan personnel ?
G.D.M : Je suis heureux d’avoir servi à cette confluence des Amériques qu’est Miami et dans cet État si dynamique. L’expérience floridienne aura été importante pour moi, et les amis français et américains me manqueront. Je vous donne rendez-vous le 14 juillet pour que nous puissions nous dire au revoir. C’en est ainsi de la vie des diplomates, pour moi c’est direction le Brésil maintenant, où, si j’ai un peu de temps… je vais pouvoir assister à la coupe du monde de football l’an prochain !

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