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Gérard Araud : “France et Etats-Unis agissent ensemble face aux défis mondiaux”

Gérard Araud vient d’être nommé nouvel ambassadeur de France à Washington. Il a effectué son premier voyage officiel à Miami en novembre, dans le cadre des French Weeks, et afin d’y rencontrer des acteur économiques français et américains. Il revient avec nous sur ce déplacement et nous décrit les enjeux de la diplomatie française au pays de l’Oncle Sam.

Photo en haut de page : Gérard Araud visitait le mois dernier la 40e rue de Miami – où de nombreuses boutiques françaises ouvrent – en compagnie du consul de France, Philippe Létrilliart.

LE COURRIER DE FLORIDE : Lors de votre séjour en Floride du sud, vous avez visité le Design District de Miami. Quelles ont été vos impressions à l’issue du parcours que vous y avez effectué ?

GERARD ARAUD : Comme toujours lorsque l’on assiste à une naissance, on est ravi d’être le témoin de ce moment unique.  Ce quartier du Design District, en pleine éclosion, est en passe de devenir le lieu de prédilection aussi bien des « hipsters » que  des passionnés d’art, dont je suis.

Ces travaux reposent sur un concept unique né d’un partenariat franco-américain avec d’un côté, l’organisation DACRA dont j’ai rencontré, lors de cette visite, le fondateur et directeur exécutif, M. Craig Robins, et de l’autre, le groupe Arnault.

Ce projet urbain qui est soutenu par la ville de Miami, est devenu un catalyseur pour les marques de luxe du monde entier, avec en tête les enseignes françaises qui sont nombreuses à s’y être implantées, comme pour le monde de l’art et du design, le quartier accueillant, avec Miami Beach, la plus importante foire d’art contemporain du continent américain.

 

Gérard Araud, nouvel ambassadeur de France à Washington (Etats-Unis).
Gérard Araud, nouvel ambassadeur de France à Washington (Etats-Unis).

LE CDF : Quels étaient les enjeux de votre visite sur le port de Miami ?

G.A : La France, qui a des atouts majeurs dans le domaine du transport maritime comme dans celui de la construction navale, entretient des relations étroites avec l’administration du port de Miami ainsi qu’avec ses principaux partenaires qui sont les croisiéristes et les armateurs.

Dans ce cadre, je me suis entretenu avec la direction de la société française CMA-CGM, 3ème opérateur mondial de transport maritime en conteneurs et 2ème concessionnaire du port de Miami.

J’ai également eu l’opportunité d’échanger avec le Président de la deuxième compagnie de croisière mondiale, Royal Caribbean Cruises, qui a annoncé, en mai 2014, la construction par les Chantiers de l’Atlantique du 4ème navire de la classe « Oasis ».

Enfin, j’ai constaté, par une visite sur le terrain, l’agrandissement en cours du port de Miami en commençant par le tunnel qui a été construit par Bouygues. J’ai vu ainsi que la France participait activement au développement du  port de Miami, premier port de croisières au monde et centre logistique et économique de la région.

La diplomatie économique est une priorité majeure du Quai d’Orsay. Soutenir les entreprises françaises à l’étranger et participer au renforcement de l’attractivité de la France en sont les principaux axes. Etre en prise directe avec les entreprises françaises et les entreprises internationales, en l’occurrence américaines, qui font gagner la France correspond donc à mes missions principales. Il y a beaucoup de « French success stories » aux Etats-Unis !

 

LE CDF : Quelle est votre appréciation de la présence économique française en Floride? Son activité est-elle différente de celles présentes au sein d’autres villes américaines ?

G.A : Dès mon arrivée à Miami, j’ai été frappé par le dynamisme de la ville dont la ligne d’horizon est jalonnée de grues. « Magic City » est bien la ville changeante et en perpétuelle transformation qui est décrite par ses habitants.

La communauté d’affaires française participe activement à cette expansion que ce soit dans l’immobilier, le luxe, l’hôtellerie et la restauration, la construction mais aussi les secteurs de pointe tels que l’aéronautique.

Lors de cette visite, j’ai également été marqué par le dynamisme des entreprises guadeloupéennes et martiniquaises qui sont présentes en Floride afin d’exporter et de développer leur activité.

 

LE CDF : Quels sont les premiers grands dossiers auxquels vous êtes confronté en tant que nouvel Ambassadeur de France aux Etats-Unis ?

G.A : La grande proximité entre la France et les Etats-Unis, dont a témoigné la très réussie visite d’Etat du Président Hollande en février dernier, se manifeste aujourd’hui dans de nombreux domaines. Nous agissons ensemble face aux défis mondiaux que sont le terrorisme en Afrique et au Moyen-Orient, pour notre sécurité commune dans les crises internationales comme en Ukraine ou lors des négociations sur le programme nucléaire iranien, ou encore face aux enjeux globaux : je pense à Ebola mais aussi à la lutte contre le changement climatique, avec je l’espère la perspective d’un accord global lors de la conférence de Paris à la fin 2015.

Au-delà de la gestion des crises, je souhaite poursuivre plusieurs projets structurants, parmi lesquels les partenariats scientifiques et universitaires, l’innovation et le développement du commerce entre nos deux pays.

 

LE CDF : D’après-vous le traité TTIP (de libre-échange entre l’UE et les Etats-Unis) est-il en passe d’être signé ?

G.A : La France soutient ardemment la conclusion d’un traité qui serait bon pour la croissance et pour les investissements des deux côtés de l’Atlantique.

Les négociations sont conduites par la Commission européenne pour ce qui est de l’UE. Elles ont débuté par un dialogue productif, malgré la grande complexité et diversité des questions auxquelles il faut répondre avant de parvenir à ce traité. Plus ce processus avancera, plus les positions devront être affinées.

Sur le fond, nous souhaitons un accord qui nous rendent, Europe et Etats-Unis, plus compétitifs encore dans le commerce international et qui comprenne des standards aussi élevés que possible dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la santé, la sûreté ou encore l’environnement.

 

LE CDF : Votre prédécesseur, François Delattre, mentionnait dans une récente interview l’importance de la « diplomatie numérique », et vous-même avez souligné cette nouveauté. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce nouveau champ diplomatique ?

G.A : François Delattre avait parfaitement raison. Le métier de diplomate évolue quotidiennement. Le temps où celui-ci évoluait dans sa bulle est révolu. Aujourd’hui, la communication quasi instantanée est un aspect fondamental du métier. Sans cela, vous n’êtes tout simplement plus audible donc plus crédible.

Sans remplacer le dialogue en face-à-face, de visu, qui reste le cœur de notre métier, l’espace numérique offre de nouvelles possibilités d’interaction directe avec des publics souvent différents de nos interlocuteurs habituels. Les réseaux sociaux sont des outils formidables à explorer.

C’est dans ce cadre que je me suis pris de passion cette année pour Twitter, où je peux exprimer librement mes gouts et mes coups de cœur, mon humour et mon humeur, sur tous les sujets. Complémentaire avec le compte institutionnel de l’Ambassade, j’avoue ne plus pouvoir m’en passer. Quant au nombre de mes followers, sans pouvoir rivaliser avec les stars de Hollywood, la progression est encourageante : pour un compte ouvert en avril, j’avais 3000 followers en arrivant à Washington début septembre, j’en ai 7500 aujourd’hui.

 

LE CDF : L’Amérique semble vous passionner, qu’est-ce qui sur ce continent éveille le plus votre intérêt ?

G.A : Entre mes premières fonctions de conseiller à Washington il y a 25 ans et mon rôle d’ambassadeur actuel, en passant par les cinq dernières années de ma vie passées en tant que représentant de la France auprès des Nations Unies, j’ai vécu près de dix années aux Etats-Unis et il est peu dire que ces expériences m’ont fasciné.

Les Etats-Unis sont une terre de découverte, de pionniers et d’exploration. Le dynamisme et l’optimisme du peuple américain sont une véritable source d’inspiration pour moi. A New York, la créativité et l’originalité des immigrants qui ont construit la ville se retrouve dans l’architecture si atypique et démesurée de la Grande Pomme, cité qui me passionne.

L’ensemble du continent est marqué par cette diversité, cette richesse des communautés venues du monde entier depuis plus de trois siècles pour partager une liberté rare. Cet idéal est aussi celui de la France, de l’Europe et c’est justement parce que nous avons des valeurs si proches, sans pour autant les poursuivre de la même façon, que nous sommes toujours attirés l’un vers l’autre pour les défendre et les célébrer.

Gérard Araud sur Twitter : https://twitter.com/gerardaraud

NPI
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