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Ecoles françaises de Broward (LFA et ISB) : une évolution exemplaire

Un nouveau bâtiment devrait prochainement être acquis par l’ISB de Hollywood, après la spectaculaire transformation du LFA voilà deux ans : les écoles françaises de la région de Fort Lauderdale continuent ainsi leur progression. Rencontre avec leur fondatrice : Jacquelyne Hoy.

Pierre après pierre : c’est ainsi, patiemment, que chaque année les deux écoles francophones de Broward se renforcent. Débutées dans un simple deux pièces, elles offrent aujourd’hui deux grands complexes aux parents d’élèves francophones, qui devraient très prochainement être renforcés par de nouveaux bâtiments pour l’International School of Broward (à Hollywood). « Ça fait longtemps que nous en parlons, mais ça n’aura pas été facile« , commente Dr Jacquelyne Hoy, la directrice et fondatrice des établissements, « les écoles ne payant pas de taxes foncières, elles ne sont jamais une priorité pour les villes de Floride ! Mais nous espérons pouvoir signer très prochainement, au moins un bâtiment en location qui nous permettra d’attendre durant la transition avec une nouvelle construction.« 

Quand on sait comment ont commencé les écoles (voir l’interview), ce sont ainsi des réalisations exemplaires qui ont été réalisées, dues à la volonté des familles, mais aussi au caractère très déterminé de Dr Hoy. « Elle a été obligée d’y mettre beaucoup d’elle même durant toutes ces années« , commentent des parents d’élèves, « afin de compenser le fait que nous n’ayons jamais beaucoup été aidés. Elle y a cru et regardez tout ce qu’elle a réussi à faire ! » Certains auraient préféré que ça aille plus vite mais, de facto, il n’y a pas d’équivalent en Floride pour ces deux écoles scolarisant en français de la maternelle à la terminale, et qui aident à structurer la présence française et francophone dans la région de Miami.

Entrevue avec Dr Jacquelyne Hoy

Jacquelyne Hoy est originaire de Jérémie (Haïtï) et elle nous explique comment tout cela est arrivé : 

La Petite Académie Française de Hollywood
Tout avait commencé avec La Petite Académie Française de Hollywood (ici lors de la 2ème année, en 1998).

LE COURRIER DE FLORIDE : Comment avez vous débuté les écoles françaises de Broward ?

Dr JACQUELYNE HOY : Mon mari est Américain, et il travaillait à l’international, jusqu’au jour où il a décidé d’arrêter pour offrir plus de stabilité a notre jeune famille. Nous nous sommes installés en Floride, et il fallait que je scolarise mon fils qui avait alors deux ans et demi. Je ne pouvais pas envisager que mes enfants ne suivent pas leur scolarité dans un établissement international, alors j’ai téléphoné au consulat de France, et à l’époque il n’y avait de possibilité qu’au sud de Miami. Mais nous avions déjà emménagé sur Broward. Donc avec quelques parents d’élèves, en 1997, nous avons démarré La Petite Académie Française pour faire du périscolaire dans deux pièces d’une maison à Hollywood !

LE C.D.F : Vous même n’étiez pas encore investie dans l’éducation ?

J.H : Non, j’étais un parent d’élève à l’initiative, avec les autres, de cette école. Je venais parfois m’en occuper durant le weekend et gérer le camp d’été. Les parents d’élèves appréciaient et me demandaient de m’impliquer plus. Il nous a fallu vite professionnaliser, mais pour ma part j’étais psychopédagogue, pas du tout directrice d’école ! En 1999, j’ai pris une année sabbatique pour créer la section élémentaire. On savait dès lors qu’il nous faudrait ouvrir une nouvelle classe chaque année afin que les élèves puissent continuer. Alors j’ai changé de voie, j’ai arrêté mon doctorat en psychothérapie pour me lancer dans un doctorat en éducation à Nova University. Cette école maternelle a ensuite pris le nom de « Lycée Franco-Américain », car le but était d’ouvrir des classes jusqu’à la terminale. Beaucoup de monde me demande pourquoi notre lycée s’appelle ISB alors que le primaire s’appelle « Lycée ». Voilà l’histoire : quand nous avons dû ouvrir la classe de 4ème, on s’est tous posé la question : « Doit-on faire payer 16000 ou 17000 dollars par mois aux parents qui nous suivent depuis le début pour que leurs enfants puissent avoir un collège en français » ? Nous avons conclu que nous pouvions faire aussi bien dans une charter school internationale, c’est à dire avec un collège et lycée public gratuit, que ce que les autres font en payant. Ce n’est pas totalement gratuit, car après l’école les élèves qui préparent les examens français ont une heure par jour de mise à niveau avec le système français, qui n’est pas prise en charge par le gouvernement américain. Mais ça représente 1500 à 4000$ par an et par enfant, ce n’est en rien comparable avec les coûts du privé. Nous avons ainsi ouvert l’ISB, avec comme autres membres fondateurs Timothy Hoy, Sandra Nelson Pollas, Jean Darius, Anita Turner.

LE C.D.F : L’éducation est désormais pointée du doigt aux USA comme étant une des bases de la discrimination dans le pays. Le pensez-vous ? Et peut-on ainsi aller contre ce système favorisant les écoles privées ? 

J.H : Tout le monde se rend maintenant compte du problème. Mais c’est lié à la carte scolaire, comme en France. L’avantage des écoles internationales comme l’ISB, c’est qu’elles sont sur une base linguistique. Donc chacun peut y venir dans le comté de Broward, et la législation devrait même très prochainement permettre d’y venir gratuitement depuis les autres comtés. Aux USA, on prête trop d’attention à l’argent, et pas assez à la qualité de l’enseignement. Personnellement, l’argent de ne me fait pas danser, et dans nos établissements, l’éducation se fait avec une pédagogie « à la française », ce qui est à peu près l’inverse de ce qu’on trouve dans les grandes écoles privées américaines. Chez nous, ce sont les professeurs qui gèrent leur classe, et c’est ça le plus important.

LE C.D.F : Vous pointez du doigt les parents fortunés qui prennent l’ascendant sur le corps enseignant dans les écoles privées américaines ?

J.H : Je ne suis pas contre les écoles privées, le LFA en est une. Mais, oui, c’est souvent le problème qu’on rencontre ici dans les écoles privées : les profs sont sous pression et n’osent pas contredire les élèves dont les parents sont de généreux contributeurs de l’école. C’est arrivé à un point caricatural.

L’ISB a été l’école qui a accepté le plus d’enfants en provenance d’Haïti après le séisme. Ils n’avaient pas le niveau quand ils sont arrivés, et le résultat c’est qu’ils ont terminé comme les autres dans de grandes universités américaines. Mes trois enfants sont passés par l’ISB, et Camille, ma « petite » dernière, y est en terminale. Elle vient de faire un stage à Oxford et elle poursuivra ses études en Angleterre l’an prochain. Sans le système d’études internationales que nous avons mis en place, ça aurait été difficile. J’ai une élève qui est arrivée chez nous en 4ème, avec un parent russe et l’autre allemand. Elle parle 5 langues ! Elle a gagné un an de crédit à l’université grâce à ça. Son frère a eu son bac en 2012 avec mention très bien. Il a été accepté à l’Imperial College of London, mais il a préféré partir à Glasgow. Je pourrai continuer à l’infini sur les centaines d’élèves que nous avons déjà vu passer par nos écoles, et qui sont pour nous autant de fierté. Je vous l’affirme : on peut faire aussi bien aux Etats-Unis avec un établissement public que privé si l’accent est mis sur la qualité de l’enseignement  !

LE C.D.F : A-t-il été facile d’ouvrir un établissement public comme l’ISB ?

J.H : Par « chance », grâce à l’ouragan Wilma nous avions eu deux semaines d’interruption de classe. J’en avais profité pour demander à mon mari « l’autorisation » de dormir au Lycée pour travailler sur un dossier afin d’obtenir une subvention de la part de la Walton Fundation. En avril, on a reçu 250 000$, c’était fantastique. Mais nous devions ouvrir l’ISB en août. Ca n’a pas été de tout repos, mais on y est arrivé !

LE C.D.F : Etes-vous aidés par les pouvoirs publics des pays francophones ?

J.H : On aimerait avoir un peu plus ! Le plus important, comme nos écoles sont homologuées, c’est que les parents qui en ont besoin puissent bénéficier des bourses scolaires françaises. Grâce à l’aide des conseillers consulaires, Nicole Hirsh et Franck Bondrille (qui est un de nos parents d’élèves), nous avons eu plusieurs petites subventions sur la réserve parlementaire du député Frédéric Lefebvre.

Avec l’ISB, nous obtenons les mêmes résultats que dans le privé, sans coûter aussi cher en bourses scolaires. C’est donc avantageux pour les gouvernements francophones. En revanche, il faut savoir que nous devons tout payer en double, comme par exemple les livres anglais et français. Notre double-système américain et français correspond en outre à une demande des expatriés : ils sont souvent installés durablement aux Etats-Unis, et ils souhaitent que leurs enfants aient un accès à l’Amérique, et pas uniquement le système pédagogique français. Notre mission, c’est de les former en même temps dans les deux cursus.

LE C.D.F : Et y a-t-il toujours beaucoup de nouveaux francophones à arriver ?

J.H : La pression est constante, non seulement depuis la France, mais aussi avec les Canadiens : on voit de plus en plus de jeunes familles québécoises désireuses de s’installer ici, et bien sûr les Haïtiens qui sont nombreux en Floride, mais ça ce n’est pas nouveau ! A part les Québécois qui préfèrent depuis longtemps Broward, ce qui est nouveau, c’est le nombre de Français ou de Haïtiens qui privilégient la qualité de vie ici, plutôt qu’à Miami.

LE C.D.F : Une association de parents d’élèves francophones de Broward et Palm Beach vient de se lancer, comment appréciez-vous l’initiative ?

J.H : C’est très positif. Si certains établissements ne fonctionnent pas aux Etats-Unis, c’est souvent par manque d’influence. Tout ce qui peut aider les écoles à gagner en visibilité est bienvenu. De nombreux parents d’élèves de l’ISB et du LFA ont d’ailleurs déjà rejoint cette structure.

logo lfa

Lycée Franco-Américain

8900 Stirling Rd, Cooper City, FL 33024

(954) 237-0356    www.lyceefrancoam.org

 

logo isb

International School of Broward

3100 NW 75th Ave, Hollywood, FL 33024
(954) 987-2026    www.isbcharterschool.org

 

Lancement de « l’APE FF », association de parents d’élèves francophones sur Broward et Palm Beach

Lancement de « l’APE FF », association de parents d’élèves francophones sur Broward et Palm Beach

ISB LFA ecoles hollywood cooper city

EFAM Ecole Franco-Américaine de Miami

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