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Zemmour sur les USA « : Depuis 20 ans c’est une suite continue de désillusions, de déceptions, d’humiliations »

L’apparition d’Eric Zemmour dans la campagne présidentielle française rebat les cartes du jeu électoral, mais elle permet aussi de gonfler le score global des candidats nationalistes à plus d’un tiers des voix dans les sondages. Leurs positions en matière de politique internationale est donc intéressante à connaître. Et Zemmour, même s’il n’est pas encore candidat, semble toutefois déjà assez précis sur ce qu’il pense de l’Alliance Atlantique : il s’est longuement exprimé sur le sujet le 22 octobre à Rouen et, le moins qu’on puisse dire… c’est qu’il ne compte pas vraiment marcher sur les traces de La Fayette !

VOIR AUSSI NOTRE ARTICLE SUR LES RAISONS STRATEGIQUES DU SUCCES DE ZEMMOUR

Et ce n’est pas uniquement parce qu’il est à Rouen – où Jeanne d’Arc a été brulée par les Anglais – que  Zemmour rappelle « les traîtres alliés à l’étranger« . Il va même, un peu aussi par référence à la Normandie, jusqu’à torpiller l’une des bases iconiques de l’amitié franco-américaine en rappelant que « le général De Gaulle ne célébrait jamais le débarquement » car pour lui les Américains avaient au passage tenté de coloniser la France. C’est vrai que De Gaulle n’y est jamais allé. Et puis, les Américains avaient d’ailleurs débarqué sans lui. Mais, De Gaulle a toujours été un « absent discret » des cérémonies du 6 juin. Car, la différence entre le « gaulliste » Zemmour et « le vrai De Gaulle », c’est que le général avait inventé un mythe unificateur. Celui de la France où « tout le monde avait résisté » (ou presque) à l’occupant nazi, et celui d’une belle amitié alliée qui avait assuré la victoire. Pour se reconstruire, les peuples ont parfois besoin de refermer les cicatrices du passé, et c’était probablement un trait de génie du général De Gaulle que de s’être rapidement débarrassé des traitres les plus gênants de la Seconde Guerre Mondiale, et d’avoir immédiatement unifié le reste du pays.

Quand Eric Zemmour touche à un symbole comme celui du débarquement ce n’est donc pas par hasard ni par opportunité géographique. A Rouen il a longuement parlé des Etats-Unis, pour poser les bases de sa doctrine. Cette dernière n’est pas nouvelle, c’est celle déjà adoptée par un grand nombre de souverainistes et nationalistes français, dans la ligne de De Gaulle : on ne se met pas en situation de dépendance d’une autre puissance. Le Front National du XXe siècle était toutefois bien plus pro-américain : Jean-Marie Le Pen se présentait d’ailleurs lui même comme « le Reagan français ». Les membres de son parti étaient tous anti-soviétiques, et pour beaucoup rattachés au « bloc de la liberté » c’est à dire aux USA. Il ne faut pas l’oublier, de nombreux Pieds-Noirs du Front National avaient été chassés d’Algérie par une révolution socialiste, financée par des valises de roubles venant de Moscou. Mais le souvenir douloureux de l’URSS se faisant oublier durant la dernière décennie du XXe siècle et la première du XXIe, la succession de Jean-Marie Le Pen a la tête du FN, Marine Le Pen, a pris des positions plus « indépendantes » vis à vis des grandes puissances, et notamment de l’Amérique. Et Zemmour s’inscrit aujourd’hui dans cette même ligne, de manière plus précise encore. « Même cachés dans les jupons de l’Oncle Sam, nous ne sommes pas à l’abri de sa puissance« , dit-il à Rouen et pas seulement pour rappeler ce débarquement « colonial » de Normandie, mais aussi pour souligner des épisodes plus contemporains, comme le fait par exemple que « ils ont mis nos présidents sur écoute téléphonique » ou encore « ils ont laissé la Turquie nous menacer en Méditerrannée« . Sans oublier bien sûr la récupération américaine des contrats de sous-marins australiens à la fin de l’été dernier. Zemmour qualifie les rapports récents de la France et des Etats-Unis de « suite continue de désolation ».

Pour Zemmour, l’alternative aux « jupons américains » est simple : « La France peut rester une grande puissance à condition qu’elle s’en donne les moyens économiques, diplomatiques et stratégiques« .

Ce qui est étonnant dans son discours c’est que, comme Marine Le Pen, les personnes qui ont de la mémoire savent qu’ils ont tous les deux le point commun d’être profondément eurosceptiques. Mais en même temps aucun des deux ne parle plus de quitter l’Union Européenne. Le cap est donc assez difficile à suivre pour savoir ce qu’ils feraient s’ils étaient élus, notamment en matière de défense. 

Une chose est certaine, la France quitterait alors certainement le commandement intégré de l’OTAN, puisque, ça, ils l’affirment tous deux bien volontiers. Mais au profit de quel genre d’alliance nouvelle ? 

Pour un mariage il faut être deux et… de l’autre côté de l’Atlantique, après des années Trump où les traités d’alliances ont été cassés, menacés ou malmenés, les Etats-Unis de Joe Biden semblent un peu chercher à définir leur stratégie. Alliances anglo-saxonnes ? Alliances avec l’Europe ? Les USA semblent chercher l’aide du Vieux Continent face à la Chine, mais sans vouloir trop donner en échange. L’OTAN est-elle sauvable ? Et le souhaitent-ils seulement ? Trump avait laissé planer le doute. Et, le 7 novembre 2019 ce n’est ni Zemmour, ni Le Pen, ni Trump qui déclarait : «Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de l’OTAN». C’était bel et bien le président de la République Française, Emmanuel Macron.

Alors, il est pour le moment difficile de savoir si les candidats Zemmour et Le Pen vont simplement remplacer dans leurs discours de campagne électorale certains boucs émissaires (européens) par d’autres (américains). Il n’est pas non plus certain que leurs positions « non-américaines » (1) influencent la politique française au-delà de leur propre camp. Mais une petite musique commence effectivement à se faire entendre au dessus de l’Atlantique et elle n’est pas favorable à un renforcement des alliances actuelles.

– 1 – On ne peut pas aller les jusqu’à les qualifier de « anti-américains », ce n’est pas le cas.


La vidéo d’Eric Zemmour à Rouen et ses propos sur les USA :

France : comprendre le phénomène politique Eric Zemmour (qui devrait se renforcer dans les jours qui viennent)


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