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Pourquoi il n’y a pas eu de Mai 1968 aux Etats-Unis

Dans l’Amérique bouillonnante de 1968, il n’y a pas eu de mois de mai. Il y a eu un avant et un après, il y a eu un avril et un juin, mais pas de mois de mai. Juste une grosse déprime – comme le fut en fait toute l’année 1968 – et une colère montant jusqu’à cette violence qui tuera l’esprit du Summer of Love de 1967 et un pacifisme qui paraissait jusqu’alors inarrêtable, incarné pour beaucoup par Martin Luther King.

Il n’y a pas eu de mois de mai aux USA… explorons donc pourquoi, et les influences entre les Etats-Unis et la France durant cette période qui allaient changer la face du monde occidental.

C’ETAIT QUOI MAI 1968 ?

Affiche de mai 1968 à Paris
Affiche anti-De-Gaulle en mai 1968 à Paris

« Mai 1968 » a marqué plusieurs pays, mais c’est bien en France qu’il a été le plus mémorable. Non seulement par ses courants intellectuels émergeants, mais aussi parce qu’ils s’en prenaient à un monument mondial : le général Charles de Gaulle et sa Cinquième République (qui lui a néanmoins survécu). Mai 1968, ce sont trois forces qui se sont alliées contre le pouvoir gaulliste. Tout d’abord une majorité des étudiants – qui à l’époque étaient les enfants de la bourgeoisie – et avaient décidé de « jouir sans entrave » ; de se débarrasser des uniformes, des écoles non-mixtes, et grosso-modo d’une certaine chape de plomb patriarcale ; celle qu’imposait la génération de leurs parents, ces « vieux » qui vingt-quatre ans plus tôt avaient « gagné la Seconde Guerre Mondiale », et jouissaient depuis lors d’une certaine autorité… et d’une autorité certaine ! C’est à coups de pavés que les étudiants ont ainsi « tué le père ».

Deuxième force : une petite minorité d’étudiants communistes-révolutionnaires à l’intelligence hors norme. Ces jeunes communistes s’étaient détachés du vieux PCF stalinien. En 1968, ils sont trotskistes, maoïstes, adeptes de Che Guevara. Leurs points communs avec les autres étudiants, c’est de promouvoir le féminisme, de contester le pouvoir et de précipiter la fin du patriarcat. Pour le reste, le « jouir sans entrave », le « flower power » etc… c’était pas leur panoplie à eux.

Enfin, derniers rentrés dans la contestation, les ouvriers, majoritairement fidèles au Parti Communiste, qui se sentaient absolument étrangers aux revendications des étudiants, mais y ont finalement vu, eux aussi, un moyen de mettre à mal le pouvoir en organisant la grève générale. Plus une goutte d’essence durant trois week-ends d’affilée et (surtout) à la veille des vacances d’été… la France a frôlé la crise cardiaque ! Heureusement, les ouvriers communistes n’ont pas oublié de partir en vacances… et tout est rentré dans l’ordre, sous la tutelle bienveillante de ce bon vieux général. En apparence uniquement… car mai 1968 aura profondément changé la France, puis essaimé dans le courant de l’année vers Zurich, Tokyo, Prague, Mexico ; secoué Montréal lors du « lundi de la matraque », et donné du courage aux Irlandais pour défendre leurs droits civiques.

LE SUMMER OF LOVE INFLUENCE LA FRANCE

Loin des idéaux communistes et trotskistes, ce qui anime la majorité des étudiants parisiens de mai 1968, c’est bien d’avoir vu, l’été précédent, le « summer of love » de San Francisco. Cet été-là, 100 000 jeunes s’étaient regroupés sous le signe du symbole « peace and love » lors de ce premier grand festival rock de l’histoire, avec entre autres certains membres des Beatles à l’organisation. Quelques semaines plus tôt, le 1er juin 1967, le groupe de Liverpool – inspiré par le mouvement hippie jusqu’alors très sous-terrain – avait jeté ses cravates dans l’Atlantique pour afficher des couleurs psychédéliques sur la pochette de leur nouveau « Sergent Pepper ». Ils y font l’apologie de la consommation du LSD (« Lucie in the Sky Diamond »). Le 25 juin, ils publient un titre qui n’était pas dans l’album : « All you need is love ». Le mouvement hippie devient mondialement connu. Sexe, drogue & rock’n’roll : tout devient possible pour la jeunesse. Cette contestation de « l’american way of life » par les jeunes des Etats-Unis durant l’été 1967 sera le facteur déclenchant du Mai 1968 français. Certes, lancer des pavés sur les forces de l’ordre, c’est pas très « peace & love ». Mais l’état d’esprit des étudiants parisiens sur les barricades était tout à fait festif, et les pavés étaient lancés « avec le sourire ». La plupart n’était pas là pour faire la « révolution », mais pour « se libérer du carcan » ; pour qu’il soit désormais « Interdit d’interdire ! »

L’ADIEU AU PACIFISME

Le Black Panther Party
Le Black Panther Party

Comme dit en introduction, il n’y a pas eu de mai 1968 aux Etats-Unis. Cette année-là allait être celle de la grande désillusion pour ceux qui étaient persuadés que le summer of love durerait éternellement. La violence s’impose à la société, sous la forme de 100 cercueils revenant chaque semaine du Vietnam. Les militants des Droits Civiques continuent aussi de se faire assassiner jusqu’au point culminant : le 4 avril, leur leader charismatique, le pasteur Martin Luther King est assassiné. Plus de cent villes américaines s’embrasent. C’est la fin du pacifisme et du Peace & love. Bobby Kennedy, frère de JFK, est alors candidat outsider de la primaire du Parti Démocrate. Quand il entend la nouvelle de l’assassinat de King, il fait ce que personne n’aurait osé avant lui : il descend dans le ghetto noir d’Indianapolis prononcer un discours sur la réconciliation des races. Il fera de même le lendemain. Sa campagne est entre autres basée sur la justice raciale, et c’est en partie pour ça que les commentateurs ne voient pas en lui un président potentiel : l’Amérique ne serait pas prête pour ça. Mais, suite au 4 avril, « Bobby » enchaîne les victoires. Se profile alors la Primaire de Californie, le 5 juin. S’il la remporte, il devrait alors gagner l’investiture, et donc avoir de très grandes chances de devenir président des Etats-Unis. Bobby Kennedy gagne la Californie. Il prononce son discours de victoire et ressort de la salle par les cuisines. Où il est abattu. Cinq ans après son frère. Comment mai 1968 aurait pu exister entre deux événements pareils ? En conséquence, le mouvement hippie n’est plus du tout d’actualité aux USA, à part pour contester la guerre du Vietnam avec des marguerites dans les cheveux. Et il sera finalement décrédibilisé aux yeux de l’opinion publique américaine durant l’été 1969, après les épouvantables meurtres commis par la communauté de Charles Manson, « The Family ». Il n’en restera plus qu’une mode musicale (Woodstock)… jusqu’à ce que le dernier survivant de la mouvance, le néo-américain John Lennon, soit lui-même assassiné en 1980.

 Le dernier regard de Bobby "RFK" Kennedy le 5 juin 1968.

Le dernier regard de Bobby « RFK » Kennedy le 5 juin 1968.

LES GAUCHISTES FRANCAIS INFLUENCENT LES USA

Affiche du Weather Underground
Affiche du Weather Underground

Retour en 1968. La jeunesse américaine se détourne ainsi du pacifisme après l’assassinat de King. Des mouvements radicaux comme les Black Panthers existaient certes depuis quelques mois, mais ils vont désormais connaître leur apogée. Armes à la main, ces marxistes-léninistes noirs suivent les policiers dans les rues de Californie afin de les « surveiller ». Ils essaiment ensuite leurs sections dans un grand nombre de villes du pays. Le SDS, mouvement de la gauche étudiante radicale passe pour sa part de 30 000 à 100 000 membres durant l’été 1968. Le Parti Communiste étant moribond depuis les années 1950 aux Etats-Unis, les jeunes se rabattent sur le trotskisme, comme en France. Et encore, si le SDS est radical… apparemment il ne l’est pas assez. Le mouvement passe rapidement sous le contrôle de ceux qui vont devenir en 1969 les futurs terroristes du « Weather Underground », non sans s’être auparavant alliés aux Black Panthers Party, tout en restant chacun chez soi : les Black Panthers n’acceptaient pas les Blancs. Outre la couleur de la peau, l’usage des drogues étaient le principal point de division entre les deux mouvances marxistes-révolutionnaires ; les « Blacks » n’y voyant pas une « libération », mais un fléau pour leur « communauté ». Comme quoi… la réconciliation n’était pas si facile.

En tout cas, comme en Europe, c’est le début des « années de poudre » aux Etats-Unis, sous l’influence des jeunes théoriciens marxistes-léninistes de France et d’Allemagne. Les « Weathermen » du « Weather Underground » se sont ainsi nommés en raison des paroles d’une chanson de Bob Dylan : « Pas besoin d’un monsieur météo pour savoir dans quel sens souffle le vent« . Pour eux, pas besoin de faire de la doctrine : la révolution est imminente. Il faut donc, en toute « logique », passer en sous-terrain, et à l’action directe. En octobre 1969 ils organisent les « Days of rage » à Chicago, avec un mot d’ordre qui en dit long : « Bring the war back home » : ramenez la guerre à la maison ! Les étudiants détruisent tout sur leur passage : voitures, commerces, banques, et même des maisons d’ouvriers ! Grisés, ils sont persuadés que la révolution a gagné les Etats-Unis.

DE FLINS A FLINT

Hasard de l’histoire, si en France le mois de juin 1968 a vu les étudiants tenter de converger vers les ouvriers de l’emblématique usine Renault de Flins (près de Paris) ; aux USA c’est à Flint (Michigan) que la convergence va se faire. Oh certes pas avec les ouvriers de cette capitale de l’industrie automobile. Les SDS, White Panthers, RYM et les Weathermen organisent le « Conseil de Guerre de Flint » dans le ghetto noir de la ville. Ils décident de dissoudre le SDS et de passer à la clandestinité. Durant cette réunion l’utopie y est poussée jusqu’au paroxysme du déraillement intellectuel quand Bernardine Dohrn et d’autres leaders des Weathermen commencent à faire l’apologie des meurtres de la Manson Family, assurant que les hippies avaient « tués des cochons de bourgeois » !!!

Logo du Weather Underground
Logo du Weather Underground

Entre début 1969 et la mi-avril 1970, il y eut 40 934 attentats, tentatives d’attentats et menaces d’attentats à la bombe sur le territoire américain, dont 975 attentats à l’explosif, soit plus de deux par jour. Inspirés par la Fraction Armée Rouge (Allemagne) (comme le furent ensuite Action Directe (France) ou  les Brigades Rouges (Italie)), les Weathermen revendiquèrent une douzaine de ces bombes, les plus spectaculaires ayant été contre le Pentagone (1972) et le Département d’Etat (1975).

De 100 000 membres l’été précédent au sein du SDS, les Weathermen ne sont que quelques dizaines à être entrés en clandestinité : c’est le plus grand suicide politique de l’histoire américaine. Pour leur part, les Black Panthers s’entredéchireront jusqu’à ne plus exister (bien aidés en cela par le FBI qui les considérait comme « la plus grande menace pour les Etats-Unis« ). La révolution, tout comme le pacifisme, iront se faire voir ailleurs : c’était pas fait pour les Etats-Unis.

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