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Les sargasses : un problème également inquiétant pour la Floride

Durant l’été, Le Courrier a dédramatisé les infos sur la propagation des algues invasives en Floride, afin de rétablir la vérité sur ce phénomène, alors que certains annonçaient une sorte de « fin du monde » locale, ou en tout cas tenant des propos totalement démesurés et inconsidérés sur le sujet. La marée rouge a été grave sur la côte ouest, mais pas si grave que certains le disaient, en tout cas pas sur l’Atlantique. Mais une chose est certaine : si rien n’est fait… le problème des algues va devenir grave dans les années qui viennent. Avec aujourd’hui l’exemple des sargasses.

Photo ci-dessus : la plage de Paamul (Yucatan) en juillet 2018.

algues en FlorideDès 2011, la propagation des sargasses – des algues brunes assez communes – est devenue un problème pour les îles de la Caraïbe, dont les Antilles françaises. Désormais, par exemple sur la seule île de Guadeloupe, ce sont 20 000 à 40 000 tonnes de sargasses qui viennent s’échouer chaque année. Et le phénomène a pris de l’ampleur, car des tonnes de sargasses arrivent désormais absolument partout entre les côtes de l’Afrique de l’ouest (Bénin et Sierra Leone), le Yucatan (Mexique), et même désormais la Floride. Des touristes se sont ainsi plaints d’odeurs pestilentielles durant plusieurs jours durant le mois de juillet 2018 sur la plus célèbre île de Floride : Miami Beach. Mais jusqu’à Palm Beach il y avait tant de sargasses que plonger dans la mer donnait parfois la sensation de se jeter dans une éponge géante, et ce jusqu’à début septembre (ce n’était pas le cas tous les jours, fort heureusement). Sans compter sur les couleurs de la mer qui, quand les sargasses sont là, ne sont plus aussi turquoises pour les selfies des touristes, et bien entendu les autres contraintes, comme par exemple la marée rouge qui en septembre avait également gagnée l’Atlantique.

Les sargasses sur la côte Atlantique de Floride le 6 août 2018
Les sargasses sur la côte Atlantique de Floride le 6 août 2018 (ici à Lauderdale By-the-Sea).

Pour « apprécier » la tournure de la situation, il faut savoir que les plages de la côte est du Yucatan, dans l’Etat de Quintana-Roo, ont été infréquentables pendant la quasi-totalité de l’année écoulée : Tulum, Playa del Carmen, Akumal et les autres étaient enfouies sous des tonnes d’algues en décomposition et il était impossible d’approcher à moins de 50 mètres de la mer sans avoir la nausée. Seule Cancun a eu les moyens de nettoyer en embauchant une armée de travailleurs temporaires. Il y avait des sargasses, mais pas en décomposition. Et, après Cancun, les sargasses remontent même désormais jusqu’au Texas !

sargasses sur la plage de Paamul (Yucatan) en juillet 2018

Voilà. La perspective est désormais connue : le choses empirent chaque année. Le problème des sargasses est d’ailleurs l’exemple de gravité invoqué par l’ex-ministre français de l’environnement, Nicolas Hulot, afin de justifier fin août 2018 sa démission du gouvernement. Alors, certes, la Floride aura probablement les moyens de s’offrir des boudins flottants afin de dévier les sargasses vers d’autres Etats, ce qui n’est pas forcément sympa pour les autres, mais bon… En tout cas c’est se voiler la face sur la nature du problème. La marée rouge, elle, ne pourra être évitée à Miami si rien n’est fait par le gouverneur de l’Etat, en charge de la politique de l’eau. La marée rouge n’a été présente que durant deux semaines sur l’Atlantique, alors qu’elle est restée plus de six mois sur la côte ouest, dans le Golfe, mais la force qu’elle a eu cette année vient exactement de la même cause que l’extension des sargasses : les algues sont nourries par les nutriments rejetés dans les rivières par les exploitations agricoles. Arrivées en mer (à l’embouchure des rivières) ces nutriments viennent « nourrir » les algues. Les marées rouges sont causées par les rejets des fermes situées au sud d’Orlando. Pour les sargasses, il s’agit des élevages de plus en plus nombreux sur les bords du fleuve Amazone, au Brésil (1). Les algues se forment à son embouchure, avant de remonter vers le nord puis de s’étendre dans toute la Caraïbe, en se démultipliant en cours de route. Or rien n’ayant été fait, ni en Floride, ni au Brésil, pour limiter les rejets des fermes dans les rivières…  le résultat pour les prochaines années est donc très prévisible. Si ce n’est pas pire en 2019, ça le sera en 2020 : aucun doute là-dessus.

En juillet, la plage de la cité maya de Tulum était fermée au public. Les autres plages étaient nauséabondes.
En juillet, la plage de la cité maya de Tulum était fermée au public. Les autres plages étaient nauséabondes.

Outre les nuisances sur le tourisme et l’économie touristique, il convient de rappeler que les sargasses forment des « zones marines mortes ». Quand elles s’échouent sur les plages, elles bloquent également l’accès aux bébés tortues qui tentent de rejoindre la mer. Leur décomposition peut également poser des problèmes respiratoires ou des démangeaisons cutanées.

La plage de Xpu-Ha dans le Yucatan, en juillet 2018
La plage de Xpu-Ha dans le Yucatan, en juillet 2018

– 1 – Précision : la partie ouest de l’océan Atlantique, face aux Etats-Unis, est dénommé « mer des Sargasses » car Christophe Colomb lui-même s’était aperçu qu’il y avait beaucoup d’algues à y flotter. Néanmoins, les sargasses dont nous parlons, et qui viennent s’échouer partout dans la Caraïbe, proviennent bel et bien du Brésil, ce qui constitue un phénomène tout à fait nouveau.

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