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Ribault arrive ! (suite de notre roman historique « Terre d’Espérance » sur l’arrivée des Français en Floride)

« Ribault arrive ! » : Voici la 14ème partie de notre roman historique « Terre d’Espérance », sur les huguenots français partis à la conquête de la Floride.

– La 1ère partie est ici !

Et la 13ème (celle d’avant) est ici


Jean-Paul Guis
Un texte original de Jean-Paul Guis, romancier historique

– Monsieur de Laudonnière ! lança le capitaine Vasseur en entrant sans frapper dans la pièce.

Se retournant brusquement, l’interpellé regarda l’intrus qui venait de pénétrer dans sa demeure en ignorant toute les règles du respect hiérarchique.

– Vasseur, reprenez-vous ! Que se passe-t-il ?

– Des voiles à l’horizon, Monsieur. Toute une escadre ! J’ai compté sept navires. Nous ne savons pas s’ils sont amis ou ennemis.

– Allons voir ça de plus près, jeta Laudonnière en se saisissant d’une lunette.

En arrivant sur le quai, les deux hommes virent que l’excitation de la garnison était à son comble. Des soldats s’étaient massés sur les remparts pendant que d’autres scrutaient l’horizon depuis la cime des arbres. René de Laudonnière déplia immédiatement sa lunette et essaya d’identifier cette armada.

– Vous apercevez leur pavillon, Monsieur ? fit le lieutenant d’Ottigny qui venait de les rejoindre.

– Non, la distance est trop grande. Nous allons devoir envoyer une barque en reconnaissance.

Quelques minutes plus tard, une chaloupe bien armée se dirigeait à grands coups d’avirons vers cette flotte inconnue. Après de longues minutes, les Français étaient arrivés à l’embouchure de la rivière de Mai. Ils avaient passé la barre des vagues de haute mer quand une embarcation en provenance d’un des navires sembla leur donner la chasse.

– Branle-bas de combat ! ordonna Laudonnière qui suivait ces évolutions à la longue-vue.

Sous les roulements de tambours, la garnison de Fort Caroline se rangea en ordre de bataille. Les deux derniers canons de la colonie qui n’avaient pas été vendus à Sir John Hawkins furent mis en batterie. Ces préparatifs de défense terminés, la troupe attendit la suite des événements en silence.

*

Jean Ribault
Jean Ribault

Le chef de la garnison scrutait intensément l’embouchure de la Rivière de Mai. Le soleil s’était levé, accompagné par une douce brise marine. Il était environ neuf heures du matin et depuis la veille, la chaloupe de reconnaissance n’était toujours par rentrée. Qu’avait-il bien pu se passer ?

Soudain, sept barques apparurent à l’horizon ! Dépliant fébrilement sa lunette, René de Laudonnière aperçut parmi elles son canot de reconnaissance. Les autres étaient remplies de soldats armés de pied en cap, arquebuse à la main. Arrivées à proximité du fort, les embarcations adoptèrent un ordre de bataille sans répondre aux avant-postes qui leur demandaient de s’identifier. À cet instant, une sentinelle envoya une arquebusade en guise d’avertissement.

– Arquebusiers, en formation de tir ! commanda le capitaine de Laudonnière.

Les soldats commençaient à se mettre en ligne au pas de course et à charger les pièces d’artillerie quand une voix  s’écria : « C’est le capitaine Ribault ! ».

– Baissez vos armes !  ordonna précipitamment le chef de la colonie.

Une horrible méprise venait d’être évitée de justesse. Mais pourquoi Ribault et ses hommes ne s’étaient-ils pas fait reconnaitre par les guetteurs ?

*

Entouré de ses officiers, René de Laudonnière avait fait ouvrir les portes de la forteresse pour s’avancer à la rencontre de ces visiteurs inattendus. Il avait également ordonné de tirer une salve de canons et d’arquebuses afin de rendre les honneurs au capitaine Jean Ribault. Ce dernier, le visage encadré d’une longue barbe brune,  marchait d’un pas sûr, la main au pommeau de l’épée.

– Je vous souhaite la bienvenue dans notre colonie, Monsieur ! fit Laudonnière en inclinant légèrement le buste. Quelle surprise ! Nous ne vous attendions pas.

Ribault retourna la politesse et pénétra dans le fort dans une ambiance de liesse générale. Parmi les hommes qui accompagnaient le chef de cette nouvelle expédition, il y avait des survivants du premier voyage que Laudonnière reconnut aussitôt. Cependant, si tous l’avaient chaleureusement salué, une sensation de froideur se dégageait de leur attitude. Le groupe arriva rapidement à la demeure du gouverneur de la Caroline qui ordonna de préparer une collation en signe de bienvenue.

– Mon capitaine, fit un des visiteurs, nous louons Dieu de vous avoir trouvé en vie. Bien sûr, nous savons tous que les rapports qui ont été faits à votre sujet sont faux !

Surpris par ces propos, Laudonnière se tourna vers Jean Ribault et lui demanda s’ils pouvaient s’entretenir un instant à l’extérieur du bâtiment.

*

– Monsieur l’amiral de Coligny m’a chargé de venir prendre possession de cette colonie en tant que Lieutenant du Roi, laissa tomber Ribault. Je vous propose de rester et de gouverner ensemble. Au besoin, je ferai bâtir un autre fort et vous pourrez garder le commandement de celui-ci.

– Capitaine, je vous remercie pour votre offre, mais le titre et la fonction de Lieutenant du Roi ne peuvent être attribués qu’à une seule personne. Je vous abandonne donc la place pour m’en retourner en France. Pourriez-vous me remettre la correspondance que m’a adressée monseigneur ?

Jean Ribault venait juste de prendre congé quand le capitaine Lagrange, un fidèle compagnon de Laudonnière, s’approcha discrètement. Il informa rapidement ce dernier des faux rapports qui avaient été remis à l’amiral de Coligny. Les fortes têtes que le gouverneur avait renvoyées en France avaient porté de graves accusations qui avaient fini par semer le doute chez le chef du parti huguenot. Laudonnière était accusé de se prendre pour le roi et d’être trop dur avec les habitants de la Caroline. Il était également soupçonné d’avoir échangé une correspondance avec des membres du Conseil du Roi afin d’obtenir de l’avancement. Bref, il agissait en parfait satrape tout en  bafouant l’autorité royale et celle de Gaspard de Coligny. Pour terminer, l’amiral lui reprochait d’avoir emmené une femme avec lui. En fait, une veuve qu’il avait engagée non seulement comme chambrière, mais aussi pour s’occuper de la basse-cour et soigner les malades. Des tâches qui, par souci de bienséance, n’étaient pas confiées à des hommes. Par ailleurs, sept de ses soldats avaient déjà demandé en mariage cette personne exceptionnelle.

Rentrer en France pour plaider sa cause auprès de l’amiral de Coligny. C’était la seule solution qui pourrait mettre un terme à ces calomnies et laver son honneur.

À suivre


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