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1969 : le plus fou des étés aux Etats-Unis, d’Apollo 11 à Woodstock

Ah 1969, l’été de tous les contrastes ! Quelques mois plutôt, Serge Gainsbourg se voulait prophétique en décrivant 1969 comme étant une « année érotique ».

Photo ci-dessus : Le festival de Woodstock, en juillet 1969. Crédit photo: Derek Redmond and Paul Campbell – CC BY-SA 3.0

En effet, ce titre n’était pas un témoignage, mais bien une prémonition : il avait écrit la chanson en 1968 ! Ah, certes, en 1969 on ne parle plus d’amour de la même manière qu’avant. Jim Morrison hurle dans son micro « Come on touch me babe« , et une partie de la jeunesse est alors complètement « high » : très très près du soleil et de la « 5e Dimension » (qui est aussi le nom du groupe qui chantait cette année-là « Let The Sunshine », hymne hippie s’il en est) !

https://youtu.be/ILSr9BbhoJQ

1969 par Iggy et les StoogesCertains comme Gainsbourg espèrent alors probablement un prolongement du Summer of Love de 1967, même si en 1968 la guerre du Vietnam et les assassinats de Martin Luther King ou de Bobby Kennedy avaient sérieusement déprimé les pacifistes. Alors ? 1969 année érotique ? Tout le monde n’est pas si optimiste aux Etats-Unis. Certains chanteurs sont plus circonspects, et à cette époque, les chanteurs c’est important ! Comme Iggy Pop pour qui chante aussi « 1969 » avec ses « Stooges », mais pour qui il s’agit de « another year with nothing to do » (une autre année avec rien à faire). Dans le classement des chansons les plus écoutées aux Etats-Unis il y en a d’autres qui ont des pensées bien plus sombres, comme Elvis qui gospelle les « esprits suspicieux », ou Creedence qui hulule face à la « mauvaise lune qui se dresse ». 

Si exhaltante qu’elle fut, 1969 n’aura pas été QUE érotique ! Et l‘été 1969 aura de même constitué d’une alternance d’espoirs et de rages qui marqueront l’histoire contemporaine. En voici plusieurs dates mémorables.


28 Juin : Stonewall Riots

Photo : fair use

A 1h20 du matin, les policiers font un raid sur le « Stonewall Inn » de Greenwich Village à Manhattan : la seule discothèque gay de New-York City. Rien d’exceptionnel pour l’époque. Ce qui le fut en revanche, c’est la réponse de la foule, non seulement celles du Stonewall, mais aussi du voisinage : 500 à 600 personnes s’en prennent spontanément à la police aux cris de « cochons » et « pédés de flics » ! Le lendemain, ce sont des milliers de personnes qui participent à l’émeute.

Paradoxalement, cette année-là sera aussi celle où le virus du Sida va traverser l’Atlantique.

Ainsi, aux Etats-Unis, « mai 68 » commence avec un an de retard (et pour d’autres raisons) mais comme vous allez le voir, c’est loin d’être fini.


8 juillet 1969 : « Bring the Boys Back! »

Un soldat américain blessé au Vietnam.
Un soldat américain blessé au Vietnam. Crédit photo : Ronald L. Haeberle public domain

Le gouvernement Nixon (qui a pris ses fonctions le 20 janvier) réduit pour la première fois le nombre de troupes américaines impliquées dans la guerre du Vietnam. Le doute (et les pacifistes) ont miné le moral des troupes et du gouvernement. Le Viet Cong communiste s’achemine vers une victoire.


16-23 juillet 1969 : Apollo 11

rmstrong, Collins et Aldrin, l'équipage d'Apollo 11
Photo (Nasa / domaine public) : Armstrong, Collins et Aldrin, l’équipage d’Apollo 11.

Les Soviets ont peut-être envoyé le premier homme dans l’espace (Gagarine en 1961), mais il n’est en tout cas moralement pas possible de laisser l’ennemi communiste être le premier à marcher sur la lune. En quelques années la NASA a bouclé un programme audacieux qui se conclut ce 16 juillet : Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins sont montés à bord d’une boîte de conserve qui s’élève au-dessus des marais de Floride pour la plus grande aventure de l’ère contemporaine. Le 21 juillet, cette mission Apollo 11 réalisera « un grand pas pour l’humanité », alors que, précisément, 500 millions de personnes ont les yeux rivés à leur télévision. Les USA sont peut-être en train de perdre la guerre du Vietnam, mais… ils viennent de prouver qu’ils étaient quand même « le plus grand pays du monde ».


Flower Power
Crédit photo : Mathias Degen – CC BY-SA 2.0

9 août 1969 : Fin du Flower Power

Les membres de la secte hippie « The Family » ont commis leur premier meurtre en juillet mais le 9 août l’Amérique se glace d’effroi après l’assassinat de (entre autres) la comédienne Sharon Tate (compagne de Roman Polanski) et du bébé dont elle n’avait pas encore accouché. Les meurtres ont été commis sur ordre du gourou Charles Manson et en raison d’une interprétation étrange qu’il a faite d’une chanson des Beatles. Les auteurs ne seront arrêtés qu’en décembre, et c’est à partir de là qu’une méfiance s’instaure désormais face aux hippies et aux pacifistes californiens. Les ventes de disques des Beach Boys s’effondrent. Le Flower Power a tout autant échoué que Martin Luther King : place désormais à la violence du Black Panther Party et des mouvements d’extrême gauche.


15-18 août : Woodstock

A Tribute to Woodstock
(crédit photo : Ric Manning / CC BY 3.0)

Personne ne connaît encore à ce moment-là les motifs des meurtres de Californie. Woodstock sera ainsi l’apogée de la contre-culture pacifiste : un festival rock où 50 000 personnes sont attendues, mais qui seront au final dix fois plus nombreuses. Pacifiste… oui. Mais les guitares et les voix crachent déjà des décibels très agressifs, bien plus que ceux de « Love Me Do » et autres ritournelles composées par Paul McCartney quelques années auparavant.

https://youtu.be/WEaMka89dM4


Le 2 septembre : crache ton cash !

Malgré tout, le capitalisme se défend bien : la première automated teller machine (ATM : distributeur automatique de billets) est installée ce jour-là dans l’Etat de New-York.


Le 5 septembre : la sale guerre

Des dizaines de soldats et officiers américains sont formellement accusés ce jour-là d’avoir tués (durant le mois de mars précédent) entre 300 et 500 civils dans le village de May Lin au Vietnam. Ils sont renvoyés devant la Cour Martiale. L’opinion publique commence à basculer.


24 septembre : Rage against The Machine

Bring the war homeL’extrême gauche change d’optique en cette fin d’été. Elle pense qu’une révolution marxiste va tout changer sur la planète. Le 24 septembre s’ouvre le procès des « Chicago Eight » pour « conspiration et incitation à l’émeute ». Celles-ci arriveront bien. Les 9 et 12 octobre suivant les autorités de la ville sont obligées de faire appel à la Garde Nationale des Etats-Unis : des milliers de jeunes marxistes-léninnistes cassent tout sur leur passage à Chicago durant ce qui sera appelé « les jours de rage ». Leur slogan : « bring the war home ». Ils ne sont plus contre la guerre : ils souhaitent qu’elle ait lieu dans les villes américaines !!! Et ils pensent tellement que la révolution est imminente que par exemple les trotskystes du parti SDS passent à la clandestinité sous le nom de « Weather Underground ».


Jack Kerouac au moment de son engagement dans la réserve navale en 1943.
Photo : Jack Kerouac au moment de son engagement dans la réserve navale en 1943.

Automne Californien

Comme-ci elle avait besoin de ça, la Californie connaît le 2 octobre à Santa Rosa un tremblement de terre de 5,7 sur l’échelle de Richter qui traumatise la région de San Francisco.

Le 21 octobre, l’écrivain Jack Kerouac, pionnier de la « Beat Generation » meurt dune cirrhose du foie à l’âge de 47 ans. La boucle est bouclée : l’avenir se fera sans fleur dans les cheveux. Mais un grand nombre de révolutions ont pris racine à ce moment-là, comme ce fut le cas en France en 1968. Rien ne sera plus comme avant !

Sophie Chatonet Business Broker

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