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Élections au Québec : laïcité et indépendantisme en invités surprises

De nombreux rebonds viennent émailler la campagne pour les élections générales au Québec. Le lancement en politique de Pierre-Karl Péladeau remet l’indépendance au centre du débat.

Pauline Marois, Première Ministre (Parti Québécois)
Pauline Marois, Première Ministre (Parti Québécois) (photo officielle)

Les 6 millions de Québécois inscrits sur les listes électorales voteront le 7 avril pour des élections générales anticipées afin d’élire les députés à l’assemblée générale du Québec. Depuis septembre 2012, le Québec est dirigé par le gouvernement minoritaire de Pauline Marois (du Parti Québécois, « PQ », souverainiste). Mais la « Première Ministre » a gagné en assurance depuis 2012, et espère convaincre cette fois une majorité des électeurs. Avant de prononcer la dissolution de l’assemblée, elle a démultiplié les annonces de réformes à tous niveaux. Mais, bien loin des réformes structurelles, le débat public a beaucoup dévié vers des sujets liés à la laïcité, et en premier lieu à la place à accorder aux signes ostentatoires

Philippe Couillard (PLQ) (Photo : François Thivierge sur Flickr)
Philippe Couillard (PLQ) (Photo : François Thivierge sur Flickr)

religieux. Un projet de « Charte des valeurs québécoises » proposé par le ministre Bernard Drainville prévoit entre autres l’exclusion de toute forme de signes religieux dans la fonction publique du Québec ce à quoi les partis d’opposition sont complètement ou partiellement hostiles. Sans parler des citoyens Musulmans qui se sentent particulièrement visés.

L’INDÉPENDANCE EN LIGNE DE MIRE ?

Si ce débat sur les valeurs morales s’est invité dans la campagne électorale, il n’est pas arrivé seul : le souverainisme est aussi revenu de manière assez inattendue au centre des débats. Pauline Marois et son PQ n’avaient pas du tout appuyé sur ce point-là et, l’indépendance, on n’en entendait guère reparler depuis le référendum rejeté en 1995 par 50,58% des votants (54 288 voix d’écart). Mais c’est la candidature surprise, début mars, sous les couleurs du PQ d’une star des médias, Pierre-Karl Péladeau, qui va en quelques jours ramener l’idée d’indépendance au coeur du débat. Relativement populaire, et en tout cas très voyant, Péladeau a mis les deux pieds dans le plat en entrant en politique comme il gère ses entreprises : de manière un peu abrupte. Car si le PQ est en théorie indépendantiste,

François Legault (Coalition Avenir Québec) (photo : Jimmy Hamelin, D.R)
François Legault (Coalition Avenir Québec) (photo : Jimmy Hamelin, D.R)

ses leaders savent bien que la souveraineté n’est pas spécialement le sujet sur lequel peut se construire une majorité politique au Québec (du moins pas pour le moment, à priori). Mais pour le coup, durant le mois de mars, on n’a plus parlé que du « pays », et les Québécois ont alors appris en écoutant les débats qu’ils n’auraient pas de poste frontalier avec le Canada, qu’ils continueraient à utiliser le dollar canadien et qu’ils voyageraient avec le dollar canadien. Comme quoi, les choses peuvent aller vite au Québec !!! Du coup, Pauline Marois a repris les rênes de la campagne, s’affichant avec PKP, mais gardant la parole pour elle, et sur des sujets plus rassembleurs. Car le référendum sur la souveraineté peut être un sujet très rassembleur pour… ses opposants : de nombreux Québécois, comme par exemple les libéraux, se mobilisant ainsi en ce moment contre le « danger PKP ». En tout cas les sondages (qui valent ce qu’ils valent) annonçaient plutôt en février-mars une baisse du PQ au profit du PLQ de Philippe Couillard (le Parti Libéral du Québec).

Gwendal GAUTHIER

 

Un capitaine de… Péladeau !

peladeau
Pierre Karl Péladeau : « Je veux léguer un pays à mes enfants ». (photo : Parti Québécois).

Si le concept de « capitaine de pédalo » est quelque chose de populaire en France*, les Québécois viennent d’inventer à peu près l’inverse : le « capitaine de Péladeau » . Le séisme politique au Québec, c’est lui, Pierre Karl Péladeau, 52 ans : un homme d’affaire multimillionnaire et turbulent, qui entre en politique avec fracas et baraka lors de ces élections générales, et avec un but ultime : l’indépendance de la Belle Province. On peut même dire que « PKP », son surnom, a une qualité de guerrier qui était attendue depuis 40 ans chez les souverainistes. Alors, soit ce porte-étendard va aider par sa vigueur le Parti Québécois (PQ) à s’orienter vers un troisième référendum sur l’indépendance, soit il va contribuer à effrayer les non-séparatistes et à les radicaliser contre le PQ. Et pour continuer avec les comparaisons françaises, il sera soit Jeanne d’Arc, soit Bernard Tapie : soit un héros de l’indépendance, soit un capitaine d’industrie perdu en politique. En attendant, même la gauche du PQ est emballée par l’arrivée de l’homme providentiel. Pourtant, Péladeau n’est pas réputé être un chef d’entreprise facile avec ses employés. L’ancien président de Québecor (groupe comprenant des journaux d’informations en Français et en Anglais) était accusé par certains d’être à l’origine de 14 grèves dans ses entreprises, dont un conflit de quatre ans au Journal de Québec et au Journal de Montréal. Mais PKP en est toujours sorti gagnant, et il est véritablement le seul à pouvoir ramener le PQ à ses amours originelles, ce pour quoi il a été créé par René Lévesque en 1968 : l’indépendance. Alors il va falloir faire avec. Son aura passe aussi par la case « people », et son idylle avec la présentatrice et productrice télé Julie Snyder, avec qui il restera durant 13 ans. Le 10 janvier dernier ils ont annoncé par communiqué leur séparation. Pierre-Karl Péladeau a quitté la direction de Québécor en mars 2013 (en gardant ses parts) et a été nommé (par Pauline Marois) président du conseil d’administration d’Hydro-Québec le mois suivant (société d’Etat qui produit et distribue l’électricité).

*C’est ainsi que François Hollande a été surnommé par son concurrent d’extrême-gauche, Jean-Luc Mélenchon.

Gwendal GAUTHIER

 

Vote par correspondance … il sera important !

Cette année, grande nouveauté, les Québécois absents temporairement de leur pays pouvaient s’inscrire en ligne (avant le 19 mars) afin de pouvoir voter à distance (en envoyant leur bulletin). Aux élections du 4 septembre 2012, 3269 Québécois s’étaient inscrits comme étant à l’étranger. Mais 900 n’avaient pas expédié leur bulletin de vote à temps ou dans les normes. Cette fois ce sera donc plus simple et comme la saison touristique ne sera pas terminée, il devrait y avoir encore plus de votants à distance. Sans parler de l’enjeu de l’élection qui mobilise beaucoup. Renseignements sur le vote à distance : http://monvote.qc.ca/fr/edv_bvh.asp

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