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Truth Social : malheureusement c’est pas génial du tout ! (Une opinion publiée dans le journal Le Courrier des Amériques)

On avait salué comme il se doit la volonté par l’ex-président Trump de lancer un réseau social : par le passé dans plusieurs éditoriaux Le Courrier a appelé à la création de réseaux sociaux de service public et, à défaut, il n’est pas possible de faire autrement que d’applaudir les initiatives privées, y compris celle de Donald Trump. Certes, quand ce nom de « Truth Social » avait été dévoilé, on ne pouvait déjà que s’inquiéter. On aurait sûrement préféré « Freedom » à « Truth ».

par Gwendal Gauthier, directeur du Courrier des Amériques.
par Gwendal Gauthier, directeur du Courrier des Amériques.

On a essayé le réseau, et il a tout d’abord fallu se mettre en liste d’attente durant de longs mois avant d’être fin mars accepté sur « Truth Social ».

Dans un article de Business Insider, Rosie Bradbury décrit sa « truth » à elle qui est certainement assez proche de la vérité qu’on a pu y constater : « J’ai passé une semaine sur Truth Social (…). C’est comme une ville fantôme conservatrice qui serait passée sous contrôle de bots ».

Ça ressemble beaucoup à Facebook, et c’est très bien comme ça car Facebook est le réseau social le plus suivi, le plus actif et qui mériterait le plus d’être concurrencé, afin de créer de nouveaux espaces soumis à des règles différentes.

Dès la première seconde sur Truth Social, une liste de pages à suivre est proposée. Celle tout en haut de la pile (« on top of the world ») est bien évidemment celle du Don, qui début avril avait déjà obtenu 829000 followers. Ensuite viennent immédiatement d’autres propositions non moins conservatrices, comme le présentateur de Fox News Sean Hannity (372,000 followers), Kyle Rittenhouse (269,000 followers ; oui c’est bien celui qui a massacré à l’arme automatique des personnes protestant contre le meurtre de George Floyd (1)) ou encore le site internet « Breitbart » mais aussi une très sympathique page nommée « Hot Chicks golfing» diffusant des photos et vidéos de jolies filles jouant au golf, ce qui apparemment fait partie de l’esprit « MAGA » (2). 

Tout ça donne un mur d’actualité très peu intéressant, il faut bien l’admettre, avec seulement quelques élus républicains à jouer le jeu en déclamant régulièrement leurs « truths ». Même Trump se fait attendre : le 2 avril il n’avait encore rien Twitté (ooops, pardon, « Thruthté »)

On aurait tort de se réjouir des malheurs de Truth Social : Donald Trump a eu le mérite d’essayer. Il a même réussi à prouver qu’il n’y avait rien de plus facile que de fabriquer un réseau social. Le problème  n’est pas de bâtir un espace de discussion, le problème c’est d’y connecter les personnes sensées constituer la société qu’on veut y faire pousser. Si c’est pour n’avoir uniquement que des personnes qui pensent toutes la même chose… l’intérêt est très relatif. A noter que c’est aussi un procès d’intentions qu’on peut faire à Zuckerberg : Facebook cède souvent à la pensée unique. Souhaite-t-on vraiment que les réseaux sociaux soient des bulles, des juxtapositions de pensées uniques ?

Ainsi, ça va être difficile (ou prendre beaucoup de temps) pour que Truth Social réalise la révolution promise : le réseau trumpien est le 29e réseau social le plus téléchargé sur l’App Store. Certes, « La vérité vous rendra libres » disait le Christ (3)… mais la Truth de Donald connaît pour le moment un peu moins de succès ! Le nombre de téléchargements est en constante diminution.

Certains objecteront que Truth Social a été salué par Wall Street et a même 4,2 étoiles sur cinq dans l’app store d’Apple, avec 46600 votants… Quand on voit qu’il n’y a que cinq commentaires, on se dit qu’effectivement des bots sont passés par là ! Allez tester par vous mêmes… pour le moment ça n’a d’intérêt que pour les fans de Trump (et encore).

Moralité : la liberté d’expression ne devrait pas être ainsi privatisée par les réseaux sociaux : ni ceux de Zuck, ni ceux de Trump. La liberté d’expression est une liberté publique fondamentale et elle devrait être assurée par les pouvoirs publics.

www.truthsocial.com

Gwendal GAUTHIER

– 1 – Certes Rittenhouse était en état de légitime défense, mais ça semble quand même curieux d’en faire un héros…

– 2 – Make America Great Again

– 3 – Chapitre 8 de l’Évangile de saint Jean


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