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Pedro Menéndez de Avilés (suite de notre roman historique « Terre d’Espérance » sur l’arrivée des Français en Floride)

« Pedro Menéndez de Avilés » c’est le titre de la 15ème partie de notre roman historique « Terre d’Espérance », sur les huguenots français partis à la conquête de la Floride.

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Photo ci-dessus : Founder’s Day à St Augustine – l’arrivée des Espagnols sur le site de la ville (crédit photo : /www.floridashistoriccoast.com )

La 1ère partie de cette histoire est ici !

La 14ème (celle d’avant) est ici

La 16ème (celle d’après) est ici !

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Les six galions battant pavillon espagnol s’avançaient lentement vers les quatre navires qui avaient jeté l’ancre au milieu de la rivière de Mai.

Jean-Paul Guis
Un texte original de Jean-Paul Guis, romancier historique

L’Espagne et la France n’étaient pas en guerre, mais craignant quelque traitrise, les Français avaient fait sonner le branle-bas de combat et hisser la voilure. Les bateaux de Ribault, en relâche avec des équipages réduits, n’avaient pas les moyens de repousser une attaque de cette armada largement supérieure en nombre. Quand les Castillans arrivèrent à portée de voix, ils déclarèrent des intentions pacifiques et se mirent à demander des nouvelles des chefs français qu’ils nommèrent par leurs noms et prénoms. Les bougres étaient bien renseignés ! Flairant le piège, les capitaines huguenots firent immédiatement couper les amarres et prirent la fuite en direction de la haute mer. Les Espagnols se voyant découverts lâchèrent une bordée de canons qui par chance ne fit aucun dommage chez leurs adversaires. Les navires français, plus légers et plus rapides, distancèrent vite leurs poursuivants et gagnèrent le large. La chasse allait durer toute la journée sans que les fugitifs puissent être rattrapés.

*

Les marins de Ribault ignoraient qu’ils venaient d’avoir affaire à Pedro Menéndez de Avilés, adelantado (gouverneur) perpétuel et héréditaire de Floride. Nommé capitaine général de la Flotte des Indes par Sa Majesté très catholique Philipe II, roi d’Espagne, il avait reçu la mission d’éradiquer cette colonie d’hérétiques protestants et de fonder au moins trois bourgades fortifiées en terre de Floride. En cette année 1565, les Espagnols n’étaient pas en guerre contre la France et leur souverain tenait par-dessus tout à conserver cette paix apparente. Le traité de Cateau-Cambrésis, signé en1559, avait permis de marquer une pause dans le conflit dynastique qui désolait les deux royaumes depuis plus d’un siècle. Ayant épousé Élisabeth de Valois afin de confirmer ces accords, Philippe était désormais le gendre du roi de France. Tapi comme un fauve à l’affût, il laissait les Français s’épuiser dans le chaos des Guerres de Religion et attendait son heure pour les abattre une bonne fois pour toutes. Cependant, l’établissement d’une colonie huguenote sur son royaume menaçait de briser cet équilibre fragile. Officiellement, la Floride était une terre espagnole découverte en 1512 par Ponce de Léon. Par la suite, plusieurs expéditions avaient été organisées par l’Espagne afin de conquérir cette terra incognita.  Toutes avaient échoué, même celle du célèbre conquistador Fernando de Soto en 1538. Les Français avaient donc eu le privilège de fonder en 1562 le premier établissement européen sur ce qui est aujourd’hui les États-Unis d’Amérique. Cependant, une ombre venait obscurcir cette réussite, cette tierra maldita ne leur appartenait pas !

Pedro Menendez
Pedro Menéndez

Après une longue réflexion, Philipe II avait trouvé deux prétextes pour mettre fin à cette intrusion sans provoquer un affrontement direct avec la France. Grand champion du catholicisme, il se devait tout d’abord d’éliminer cette présence hérétique au sein de son royaume. Ensuite, le fait d’avoir édifié en territoire espagnol un ouvrage fortifié sans autorisation de la couronne désignait Fort Caroline comme un repère de dangereux flibustiers. En envoyant dans sa lointaine province de Floride une expédition militaire de maintien de l’ordre, le roi d’Espagne ne provoquait aucunement un acte de guerre à l’encontre des Valois. Habile stratégie !

Pour effectuer cette mission délicate, Philippe II fit appel à un hidalgo originaire d’Avilés en Asturies. Brillant capitaine, ambitieux, déterminé, courageux et sans pitié, Menéndez était de la trempe des Pizarro et des Cortés. Attiré par la gloire et l’appât du gain, ce conquistador pensait qu’il pouvait renouveler en Floride les fantastiques succès financiers du Mexique et du Pérou. À cette époque, la région avait la réputation de regorger de ressources aurifères et de diamants.

En ce mois de septembre 1565, l’adelantado venait de faire son apparition à la tête d’une force militaire imposante. Tous les acteurs étaient en place pour le dernier acte de l’histoire de la colonie huguenote de Fort Caroline.

*

– Ohé de la barque ! C’est moi, Jean Ribault ! Faites-vous reconnaître.

– Nous sommes dépêchés par la capitaine Cousette !

– Vous avez des nouvelles des Espagnols ?

– Oui, Monsieur, répondit celui qui commandait l’embarcation envoyée par Cousette.

Les deux esquifs se rapprochèrent l’un de l’autre et Ribault put enfin avoir des informations. L’officier lui apprit qu’aucun des navires qui s’étaient échappés en haute mer n’avait été rattrapé par leurs poursuivants. Cependant, le plus gros d’entre eux, la Trinité, n’était toujours pas revenu. Cette dernière nouvelle inquiéta le gouverneur de La Caroline. Ce bateau puissamment armé était à la fois son vaisseau amiral et le fleuron de sa flotte. La Trinité allait lui faire défaut dans l’éventualité d’une bataille navale.

L’officier de marine lui indiqua que les navires français avaient suivi de loin l’armada castillane. Celle-ci s’était engagée dans la rivière des Dauphins et avait débarqué tout son monde à une dizaine de lieux de Fort Caroline. Des troupes importantes étaient donc descendues à terre, accompagnées par un bon nombre de noirs, apparemment des esclaves. Ces derniers étaient chargés de pieux et d’outils de terrassement. De toute évidence, les Espagnols avaient l’intention de construire un camp retranché destiné à servir de base d’opération dans le cadre d’une attaque dirigée contre La Caroline. L’heure était grave ! Un siège en règle s’annonçait dans les jours à venir. La mâchoire crispée, Jean Ribault s’en retourna vers la colonie huguenote afin de faire le point avec son état-major.

*

De son côté, Menéndez venait de s’installer dans le village Timucua de Seloy qu’il rebaptisa San Agustín (Saint Augustine). L’endroit était facile à défendre et à proximité d’une source d’eau douce. À peine débarqué, l’adelantado s’empressa de fortifier sa position afin de prévenir une attaque éventuelle des Français. Il mit à l’ancre trois navires dans la rivière et les autres dans la rade. Menéndez se mettait sur la défensive dans l’attente de troupes en provenance de Saint-Domingue et de Cuba. Pour leur part, ses adversaires avaient reçu de toute évidence des renforts de métropole. Maintenant, ils étaient nombreux et bien armés. Comble de malchance, leur flotte n’avait pas pu être détruite. Il était donc plus prudent d’attendre patiemment et d’attaquer en force le moment venu.

À suivre


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