Après la guerre, Sir Winston S. Churchill peignait en Floride
Alors qu’en France les Célébrations du 80e anniversaire du Débarquement et de la Libération sont proches, l’année 2024 marque également l’anniversaire des 150 ans de la naissance de Sir Winston Spencer Churchill (1874–1965) fait Compagnon de la Libération par le Général Charles de Gaulle en 1958.
Le 6 juin 2024, le Centre Winston Churchill sera inauguré sur la commune de Ver sur Mer le long des plages normandes, en présence du Président de la République française et du roi d’Angleterre Charles III.
Fait peu connu, l’homme d’Etat anglais, premier ministre, ministre de la Défense (1940-1945,1951-1955) parlementaire (1900-1922,1925-1964), militaire, historien, journaliste, écrivain (Prix Nobel de littérature 1953) et grand orateur, était également artiste peintre.
C’est 1915, après une année difficile que Churchill, pour changer d’esprit, se met à la peinture ; cette passion ne le quittera plus jamais. Ses pinceaux, tubes de peinture et chevalet portable seront de tous ses voyages.
En 1921, il écrit un article sur la peinture intitulé « painting as a pastime », la peinture comme passe-temps, et explique ne peindre que pour son plaisir, ne prétend pas peindre des chefs d’œuvre, ni vouloir en tirer un profit pécuniaire et il insiste « si ce n’était pour la peinture, je ne pourrais pas survivre… »
En 1948, il est nommé Académicien Honoraire Extraordinaire par la Royal Academy of Arts où il déclara « grâce à l’art l’homme se rapproche des anges et s’éloigne des animaux ».
Son style est post-impressionniste, de l’atelier de Lavery à Londres ou de sa résidence de Chartwell, il peint la campagne anglaise, des natures mortes, des portraits.
Il peindra, entre autres, le front en Flandres en 1916, les alentours de Mimizan dans les Landes françaises, les paysages de Roquebrune sur la Côte d’Azur, le Lac de Come en Italie ainsi que Marrakech et l’Atlas marocain.
Comprenant 537 toiles, l’ensemble de sa production picturale est jugé du niveau « amateur moyen » par les critiques d’art, mais dès les premières ventes aux enchères en 1965 sa cote est très élevée et n’ira qu’en augmentant.
En 2014, la maison Sotheby’s organise l’adjudication de la toile « le bassin de poissons rouges à Chartwell » qui établit le record surprenant de 2,2 millions d’euros.
En 2021, Christie’s adjuge pour 8,2 millions euros « Le Minaret de la Koutoubia » peint pendant la guerre à Marrakech en 1943, après la Conférence de Casablanca, offert par Churchill à Franklin D. Roosevelt, il avait été acheté en 2011 par l’acteur Brad Pitt pour environ 2,8 millions euros.
En janvier 1946, Churchill est en visite six semaines dans le sud de la Floride, à peine arrivé à Miami Beach, il est à la recherche d’un endroit pour poser son chevalet.
Le long de Venetian Causeway il découvre un terrain vide ouvert sur l’océan à Di Lido Island où il viendra peindre quotidiennement pendant une semaine.
Le reste de son séjour, Churchill passe ses journées au très select Surf Club créé en 1930 dans la ville de Surfside.
Il partage son temps avec ses amis dans leurs cabines de plage, il nage, se relaxe, boit ses alcools favoris, et il est invité spécial du Bal de la Rose du Surf Club… et il peint.
Il lui est remis un diplôme honoraire de l’Université de Miami en présence de 30.000 spectateurs au stade de l’Orange Bowl qu’il acceptera parce que pendant la guerre de nombreux membres de la Royal Air Force avaient été entrainés au combat à l’Université de Miami et en Floride.
Lors de son passage, une des phrases de Sir Winston S Churchill restée aujourd’hui encore un slogan du Surf Club, devenu l’hôtel Four Seasons at The Surf Club, « je veux soleil, solitude, sérénité et quelque chose à manger, peut-être quelque chose à boire » reflète bien l’esprit enfin tranquille de Churchill dans la nonchalance de la Floride d’après-guerre.
Veronika POZMENTIER
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